Qui a besoin de 24 téraoctets?

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19 puis 24 téraoctets, les capacités en stockage proposées par les acteurs de ce marché sont énormes. Si toutes les études montrent l’explosion des besoins de stockage des entreprises, qu’en est-il réellement ? Ont-elles des besoins si importants au point de vouloir aujourd’hui stocker 24 000 milliards d’octets ?

Avec 4 000 salariés et 4 milliards de chiffres d’affaires, le laboratoire Fournier, présent en France et à l’international, fait figure de grande entreprise. Pourtant, au nombre de gigas consommés, on est loin des solutions proposées par HP avec son XP 512 et de ses 24 téraoctets (To) ou de Symmetrix 8000, la solution d’EMC qui propose de stocker 19,1 téraoctets (voir édition du 18 juillet 2000). Le laboratoire ne gère, au total, « que » 700 Go. Toutefois, l’entreprise, faisant parti du secteur pharmaceutique, se doit de garder toute trace de procédures lors de la création ou de l’expérimentation de médicaments. Ces informations conservées sur support électronique depuis peu représentent un volume de données difficilement chiffrable, mais il devrait être de l’ordre de 120 Go par an.

Selon Stéphane Blanc, Pdg d’Antemeta, revendeur de solutions de stockage, « les entreprises qui ont besoin de 24 To de stockage sont au nombre de 5 ou de 10 en France ». Et de citer, France Télécom ou EDF. Même son de cloche du côté de StorageTek qui estime que cela est excessif. D’autant que l’augmentation du nombre de disques et donc de la capacité ralentit le temps d’affichage de la donnée recherchée. Pourtant, Remy Salvi, directeur marketing pour l’Europe du Sud chez StorageTek se reprend en affirmant que dans 12 mois il ne tiendrait certainement pas ce même discours. « Les serveurs de mails ou Internet ont une telle croissance que l’entreprise connaîtra une évolution de ses besoins en stockage ». Christian Laporte, chef produit chez HP estime quant à lui que le marché en France pour des solutions de stockage de 24 To correspond environ à une cinquantaine d’entreprises. « On a comme client un opérateur télécom qui pour une application de Data Warehouse utilise 40 To. Des sociétés qui font de l’hébergement d’application sont demandeur de ce type de produit tout comme le secteur automobile ou audiovisuel » précise-t-il.

Les banques sont aujourd’hui dans le peloton de tête des entreprises à avoir besoin d’énorme capacité de stockage. Chez Natexis Banques Populaire, les systèmes distribués de type serveurs NT, AS 400, etc. représentent à eux seuls aujourd’hui environ 2 à 3 To. Et si, pour le moment, la division système distribué ne lorgne pas sur ces fameux systèmes à 24 To, il n’est pas impossible que d’ici 2 à 3 ans, elle ne soit contrainte d’y arriver. Loin de ces 24 To, Bourse Direct, a pourtant choisi un système évolutif qui lui permettra de monter à plusieurs To si le besoin se fait sentir. Pour le moment, ses besoins atteignent 200 Go environ.

Mais au delà de la capacité à stocker d’énormes quantités d’informations dans des imposantes armoires de disques qui coûtent extrêmement chères, les entreprises commencent à structurer leurs solutions de stockage. Aussi, il n’est pas rare de voire ces dernières employer une personne chargée de la gestion des espaces de stockage. Puisque la multitude de disques semble ralentir l’accès à l’information, la stratégie consiste donc à répartir les besoins sur plusieurs armoires pour des tâches bien précises. « Il est évident qu’une architecture de 200 disques rendra une solution ERP peu pratique. En revanche cela pourrait convenir par exemple pour des relevés bancaires que l’on consulte rarement » commente Rémy Salvi. Et de poursuivre, « la moyenne aujourd’hui se trouve clairement autour des 10 To. Le marché le plus porteur se situe ainsi dans une capacité de 1 à 5 To. Toutefois, la baisse du coût du Go, de 30 à 35 % par an, va obligatoirement accroître la demande en capacité » juge Rémy Salvi. De l’aveu même d’EDF, les besoins en stockage de l’entreprise vont nettement moins vite que la technologie.

Pour en savoir plus :

* StorageTek

* Antemeta