Reid Hoffman (LinkedIn) : « Nous devrions gagner de l’argent cette année »

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Le fondateur de LinkedIn a profité de l’inauguration de LinkedIn France pour faire le point sur sa stratégie.

Jusqu’à présent LinkedIn est une incontestable réussite et Reid Hoffman, le fondateur du réseau social professionnel entend bien pousser encore plus loin son avantage.

Les chiffres parlent d’eux-mêmes : créé en 2003 en Californie, LinkedIn compte aujourd’hui plus de 31 millions d’inscrits dans le monde, dont 7,5 millions en Europe et 600 000 en France. « Tous les mois, 1,2 million de nouveaux professionnels s’inscrivent chez nous, soit un nouvel inscrit toutes les deux secondes », affirme Reid Hoffman, venu spécialement de Moutain View, près de San Francisco, pour l’inauguration, hier, de la version française de LinkedIn.

L’homme est impressionnant. D’abord, par son physique, haut, mais un peu « enveloppé ». Mais surtout par son parcours. Diplômé de Stanford (Bachelier en Systèmes symboliques) et de l’Université d’Oxford (Maîtrise de Philosophie), il a assumé des responsabilités au sein, entre autres, de Fujitsu Software Corporation et d’Apple. Avant de créer LinkedIn, il était vice-président exécutif de PayPal. Il a joué un rôle important dans le rachat de cette dernière société par eBay en 2002, pour 1,5 milliard de dollars.

Reid Hoffman garde le silence sur le CA de LinkedIn

Aujourd’hui, Reid Hoffman occupe le poste de président et directeur produits de LinkedIn. Et il est toujours l’un des principaux actionnaires de cette société. Mais impossible de savoir dans quelle proportion exacte (surtout depuis la dernière levée de fonds, en octobre dernier, qui a vu l’arrivée au capital, de Goldman Sachs, The McGraw-Hill Companies et SAP Ventures, aux cotés de l’investisseur historique Bessemer Venture Partners).

Impossible non plus de connaître le chiffre d’affaires ou le bénéfice de l’entreprise. « Nous sommes une société « privée », au sens où nous ne sommes pas cotés en Bourse et, donc, nous ne donnons pas de chiffres sur la répartition de notre actionnariat, ni sur nos résultats financiers », rappelle sobrement Reid Hoffman. « Tout ce que je peux vous dire c’est que nous sommes sur les rails pour être bénéficiaire cette année ».

La dernière valorisation de LinkedIn a estimé l’entreprise à 1,1 milliard de dollars. Ses sources de revenus sont désormais au nombre de cinq : à la publicité, les abonnements payants, les petites annonces pour des emplois et les produits taillés sur mesure pour les services du recrutement des entreprises, sont venues s’ajouter des « études » auprès des inscrits sur LinkedIn pour différents commanditaires. Côté publicité, l’entreprise met en avant les caractéristiques CSP+ de ses inscrits : ils ont 41 ans en moyenne, plus de 75% de diplômés d’entre eux sont diplômés de l’enseignement supérieur et plus de la moitié d’entre eux sont décisionnaires dans leurs entreprises.

Objectif : faire des investissements et opérer des acquisitions

Interrogé sur les raisons, dans ces conditions, qui l’ont amené à faire une levée de fonds de 22,7 millions de dollars en octobre dernier, Reid Hoffman répond que « cet argent servira à faire des investissements et des acquisitions ».

De même, lorsqu’on lui demande pourquoi, si tout va bien comme il l’affirme, il licencie aux Etats-Unis, il rétorque : « les licenciements concernent un tout petit nombre de salariés ; dans certains services, nous avions trop d’employés. Ces départs ne remettent pas en cause notre prévision de doubler la taille de notre personnel l’année prochaine. » (l’entreprise emploie actuellement plus de 350 personnes dans le monde).

Développer des offres auprès des PME françaises

En Europe, il n’est pas prévu pour l’instant d’ouvrir de bureaux supplémentaires, en dehors de celui de Londres inauguré l’an dernier. Pour la France, par exemple, un accord d’exclusivité a été signé avec CBS Interactive pour la commercialisation de la publicité sur LinkedIn. Toujours pour la France, LinkedIn semble vouloir mettre l’accent sur les services offerts aux PME.

Reid Hoffman a en effet laissé Kevin Eynes, directeur généraldu pôle Europe, détailler toute l’aide que LinkedIn pouvait apporter aux PME qui ont du mal à recruter des spécialistes, dans le domaine du marketing, des nouvelles technologies ou autres. « Aujourd’hui, il y a, tous pays confondus, 10 500 offres d’emploi sur LinkedIn, qui génèrent 470 000 pages-vues par mois », a rappelé Kevin Eynes. « Depuis la création de LinkedIn, plus de deux millions de candidatures ont été envoyées par notre intermédiaire. » Les sites de recrutement français auraient-ils du souci à se faire ? Reid Hoffman et son équipe veulent le croire…