Réseaux sociaux et politique : le big data fait tilter la CNIL britannique

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L’Information Commissioner’s Office ouvre une enquête sur l’exploitation, à des fins électorales, des données publiées sur les réseaux sociaux.

Le seul fait que des informations soient publiquement accessibles sur les réseaux sociaux ne légitime pas nécessairement leur exploitation par des tiers.

C’est, dans les grandes lignes, l’un des constats que l’Information Commissioner’s Office établit dans un rapport sur le big data, l’intelligence artificielle, le machine learning et la protection des données.

La CNIL britannique a récemment réactualisé ce document – PDF, 114 pages – publié à l’origine en 2014. Elle y aborde, entre autres, la problématique des collectes excessives, les questions de conformité… et les biais que peut introduire l’usage d’algorithmes.

Sur ce dernier volet, l’organisme public financé par le ministère de la Justice s’intéresse plus particulièrement, après l’épisode Brexit, aux risques associés à l’analyse de données à des fins électorales. Dans la lignée d’une procédure d’évaluation annoncée en mars, il vient d’ouvrir une enquête.

Déplorant un « faible niveau de compréhension », par le public, des enjeux de collecte, de partage et d’exploitation des données, l’ICO estime « compréhensible » qu’avec la « révolution big data », des organisations politiques soient tentées d’explorer le potentiel des outils d’analyse, mais rappelle que les personnes concernées sont « en droit d’attendre que cela se fasse en conformité avec la loi ».

Proportionnalité

Facebook et consorts ne sont pas cités, mais l’investigation se portera bien sur les sociétés « qui opèrent à l’international » et sur « l’impact qu’ont leurs pratiques sur la circulation des données au Royaume-Uni ».

Ces enjeux, l’Information Commissioner’s Office les avait mentionnés dans les dernières pages d’un autre rapport (PDF, 20 pages), relatif aux « règles à respecter dans le cadre d’une campagne politique »*. Il avait rappelé que si les données analysées pouvaient permettre d’identifier des personnes, celles-ci devaient en être informées – individuellement ou collectivement en fonction de la situation.

Autres recommandations formulées à cette occasion : ne collecter que la data nécessaire, la sécurité… et ne l’exploiter qu’à des fins « proportionnelles » à l’information donnée à l’utilisateur.

En la matière, les limitations sont floues au vu des corrélations inattendues que sont capables d’établir les algorithmes. De la détection de tendances globales, on passe vite à un profilage des individus, avec les discriminations qui peuvent en résulter.

* L’ICO assimile la communication politique à du marketing direct soumis à des conditions particulières selon la forme que prend la démarche (fax, e-mail, appel téléphonique automatisé ou non, etc.).

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