Richard Crandall, l’inventeur des grilles de calcul

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Derrière les termes Xgrid et grid computing se cache Zilla, le premier programme de distribution de tâches de calcul en parallèle. Son développeur, Richard Crandall, a fait ses armes chez NeXT avant de passer chez Apple, où il dirige aujourd’hui les recherches avancées.

Les expérimentations de grille de calcul chez Apple sont animées depuis son site de développeurs par le docteur Richard Crandall, patron de l’Advanced Computing Group (ACG). Crandall est le premier à avoir expérimenté le grid computing chez NeXT, grâce à son programme de calcul parallèle distribué baptisé Zilla. S’inspirant d’idées nées au PARC de Xerox à la fin des années 70, le programme Zilla utilisait des machines chaînées entre elles pour des traitements mathématiques complexes. La puissance de Zilla atteignait 200 mégaflops sur 100 NeXTStations (soit une unité Zilla), ou encore l’équivalent d’un Cray YMP, un superordinateur de l’époque. Ce travail a valu au professeur le prix Computerworld Smithsonian. Une fois passé chez Apple, Crandall a déterminé qu’un G4 correspondait à plusieurs unités Zilla. Il a participé à la mise en avant du gigaflop comme unité de représentation de la puissance d’un ordinateur, en lieu et place du gigahertz, trop restrictif (voir édition du 10 octobre 2002). Crandall a également commencé à militer pour la mise à disposition d’un superordinateur par étudiant et pour la mise en réseau de cette puissance de calcul. Son rêve, ainsi qu’il l’explique sur le site de l’ACG : former des professionnels « ayant appris sur des superordinateurs et réalisant des choses d’importance pour l’humanité par le biais des calculs intensifs ». Malheureusement, les retards de montée en puissance du G4 et la perte de parts de marché d’Apple l’ont un peu retardé.

Du grid computing sur Mac

Les recherches de Richard Crandall doivent permettre, selon lui, de mettre à disposition du grand public une puissance de calcul à la demande. Cet objectif à long terme a déjà été mis en pratique dans des projets comme celui de recherche de signaux extra-terrestres du SETI (voir édition du 10 octobre 2001) ou dans le Decrypton de l’association française contre les myopathies. Autant dire qu’un projet de raccordement des Mac à une grille de calcul pourrait bien devenir réalité plus rapidement que prévu, si l’intérêt du marché se fait ressentir. Des étudiants participant au programme développeurs d’Apple ont d’ailleurs déjà jeté les bases nécessaires au grid computing sur Mac, grâce à leur projet « Opus » qui s’est étalé de février à avril 2003. Dans le sillage des travaux de Richard Crandall, des spécifications autour d’un standard de grille de calcul ont été proposées en mars 2003. Enfin, Crandall a fait ses études au MIT (Massachusetts institute of technology), où il est devenu un spécialiste des nombre entiers et des applications de cryptographie. C’est un grand utilisateur du logiciel Mathematica (voir édition du 30 novembre 2001), en relation étroite avec son éditeur, Wolfram Research. Crandall a d’ailleurs sans doute contribué à l’amélioration de Mathematica disponible depuis le début de l’été dans une version pour grille de calcul.