S. Baghdassarian (Gartner) : « Free Mobile aura une totale liberté d’action en tant qu’opérateur réseau »

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La directrice de recherche « Technologie et Services pour les consommateurs » chez Gartner commente l’impact de Free Mobile, désormais titulaire de la quatrième licence 3G sur le marché de la téléphonie mobile.

ITespresso.fr : Quels types de services mobiles pourraient introduire Free pour se montrer vraiment novateur ? Et quand les offres Free Mobile vont-elles devenir une réalité pour les Français ?
Stéphanie Baghdassarian : Je présume que Free ne pourra pas ouvrir ses premiers services  mobiles avant mi-2011. Et même à cette échéance, il est probable que l’opérateur ne pourra pas proposer le bouquet global de prestations escomptées. Le pendant novateur pourrait porter sur la manière de packager : pourquoi pas des offres familiales pouvant intégrer l’accès Internet avec des cartes SIM en 3G et un dongle USB ? Ce sera vraiment novateur (« disruptif ») si la technique amène une convergence réelle entre l’Internet, la télévision et la téléphonie mobile. Certes, Orange est capable de le faire de son côté mais ce n’est pas leur offre principale. C’est juste considéré comme un élément dans leur portefeuille de services mais cette offre de convergence n’est pas réellement poussée par l’opérateur.

ITespresso.fr : Finalement, pour gagner du temps, Free aurait pu se contenter d’un statut de MVNO plutôt que d’opérateur réseau. Quelles avantages tirent-ils de ce positionnement ?

Stéphanie Baghdassarian : La liberté d’action :). Pas seulement dans l’élaboration technique de la convergence. Cela va bien au-delà.

ITespresso.fr : A l’échelle européenne, comment considérez-vous le processus d’attribution d’une quatrième licence mobile en France sous l’égide de l’ARCEP ? On a l’impression que c’est une démarche à contre-courant d’une tendance plutôt orientée vers la concentration des opérateurs mobiles (moins d’acteurs mais plus puissants)…
Stéphanie Baghdassarian : Effectivement, au cours des dernières années, nous avons observé un phénomène de consolidation à travers l’Europe (Pays-Bas, Royaume-Uni, Suisse et même l’Italie). La France semble aller à contre-courant mais son marché présente une spécificité : chacun des trois opérateurs installés affichent un certain succès commercial de manière différente. La configuration est différente dans les pays dans lesquels on observe une consolidation : il y a toujours un ou deux acteurs qui se battent pour survivre. La France est également le pays en Europe qui affiche le taux de pénétration de téléphones mobiles le plus faible. On espère qu’il a encore un potentiel de croissance pour améliorer ce taux. Je n’en suis pas sûre. Un point plus important est à souligner : la délivrance d’une quatrième licence mobile va permettre à l’Etat français d’encaisser de l’argent jusqu’à un certain niveau (…) Un nouvel entrant va permettre de favoriser la concurrence. Cette solution est meilleure. On aurait pu se contenter de diviser les fréquences à allouer aux trois opérateurs existants sous la forme d’une vente par appartement. Néanmoins, d’ici une échéance située entre 5 et 10 ans, nous considérons qu’il n’y aura plus de place pour quatre opérateurs sur le marché français.

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