Six millions d’écrans à recycler en 2013

Mobilité

Les industriels font le point sur les mesures de collecte et recyclage des écrans en fin de vie en France.

« Le volume et le poids des écrans de télévision en fin de vie ne cesse d’augmenter« , avance Laurent Abadie, vice-président du Simavelec (Syndicat des industries de matériels audiovisuel électroniques) et directeur général de Panasonic France.

De 5,5 millions d’unités concernées en 2008 (40 000 tonnes contre 24 000 en 2007 auxquelles il convient d’ajouter 6000 tonnes de moniteurs informatiques), le nombre d’écrans de télévision bons pour la benne à ordure devrait passer à 6 millions en 2013 et 7 millions en 2016. « Très peu de ces produits sont recyclés et finissent dans la nature« , affirme le dirigeant, « c’est ce que nous voulons éviter. »

Une démarche d’autant plus louable que les industriels y sont tenus depuis la transposition en 2005, appliquée en 2006, de la directive européenne sur les déchets des équipements électriques et électroniques (DEEE) avec un objectif de collecte de 4 kg/an/habitant (tous déchets confondus). Un traitement de collecte et recyclage assuré, en France, par trois organismes dédiés : Ecologic, Ecosystemes et ERP.

Toute la difficulté pour ces sociétés créées par les industriels est de s’assurer de la collecte optimale des téléviseurs. En 2007, seuls 20 % des produits sont effectivement collectés par les filières de recyclage, selon le Simavelec. L’objectif est d’atteindre les 50 % dès 2009, 70 % en 2013 et, à terme, les 100 %. « Un objectif réalisable mais très difficile à atteindre« , souligne Laurent Abadie.

Améliorer les circuits de collecte

Difficile en effet, de contrôler ce que chaque Français fait de ses produits ménagers, des téléviseurs en particulier qui, avec les réfrigérateurs, constituent les appareils parmi les plus polluants pour l’environnement. Pour cela, les industriels s’appuient sur deux réseaux de collecte. Les distributeurs, qui ont obligation de reprendre l’ancien appareil pour tout nouvel élément acheté. Et les collectivités locales chargées d’organiser la collecte des « encombrants » vers les déchetteries où les filières de recyclage installent des unités de traitement dédiées.

« L’objectif est d’améliorer ces circuits de collecte« , avance le porte-parole des industriels. Comment? En passant de 10 000 aujourd’hui à 15 000 points de collecte chez les distributeurs en 2009. Ensuite, « inciter le consommateur à avoir une démarche de collecte sélective« . Amener soit même son appareil à la déchetterie n’est pas encore, en France, une démarche naturelle (bien que cela semble se généraliser en province). Pourtant, les écrans récupérés par les collectivités locales constituent 55 % des volumes traités.

Cette incitation à mieux trier passe par des partenariats entre les collectivités et les trois éco-organismes de recyclage. Des partenariats qui couvrent aujourd’hui 40 millions de citoyens. Ils sont complétés par des campagnes d’informations et diverses initiatives (comme le site Collectons.org d’Eco-Systemes), soit des industriels eux-mêmes, soit des collectivités locales (qui perçoivent 0,20 euros par habitant pour communiquer sur ces problématiques). « A court terme, il est important de communiquer au niveau des collectivités« , assure un représentant d’un des éco-organismes, « les campagnes nationales seront lancées lorsqu’il y aura une couverture universelle de la filière de collecte. »

100 millions d’euros de traitements

Aujourd’hui, les écrans à tube cathodique (CRT) constituent l’essentiel des collectes pour recyclage. Les écrans plats, LCD ou Plasma, devraient représenter 50 % de la collecte à partir de 2015. Ce qui va augmenter les coûts de traitement. Si 30 millions d’euros devraient être consacrés au recyclage des écrans en 2008 (15 millions en 2007, première année pleine d’application de la DEEE), les dépenses du cycle collecte-traitement devrait atteindre les 100 millions en 2010.

Des dépenses aujourd’hui assurées par la taxe d’éco-participation valorisée entre 4 et 8 euros par écran. Mais à terme, face aux dépenses exponentielles, celle-ci pourrait être revue à la hausse. Sauf à industrialiser le processus de démantèlement des écrans, aujourd’hui assuré manuellement essentiellement. Ou encore que les industriels réduisent les composants polluants dans leurs produits. Ils y travaillent…