Stéphane Van Gelder (ICANN) : « Extension générique : la propriété industrielle au coeur des appréhensions »

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La libéralisation des extensions génériques se précise : Le 12 janvier, les premiers dossiers de candidatures pourront être déposés auprès de l’ICANN. Décryptage avec un expert du nommage Internet impliqué dans le processus.

Va-t-on assister à un bouleversement du Web avec la libéralisation des extensions génériques (gTLD en anglais) ?

L’ICANN supervise cette transformation.

Cette organisme se présente comme un coordinateur de la gestion des éléments techniques du DNS pour assurer la « résolution universelle » (« universal resolvability »), de sorte que tous les internautes puissent trouver toutes les adresses valables.

Entre le 12 janvier et le 12 avril 2012, les groupements professionnels, les organisations et collectivités publiques, les entreprises pourront déposer leurs dossiers de candidatures auprès de cette institution.

Ainsi, on attend des inscriptions pour exploiter « .shop », « .berlin » ou « .health ».

Ce sera le démarrage d’une phase d’évaluation intense au sein de l’ICANN. Si tout se passe bien. Car le processus et la méthodologie ne font visiblement pas l’unanimité.

En décembre, 25 institutions internationales, dont le Fonds monétaire international, se sont adressées à l’ICANN  pour exprimer leurs inquiétudes en cas de « mauvais enregistrement et de mauvaise utilisation » de leurs noms.

Expert en nommage sur Internet, Stéphane Van Gelder a été réélu fin 2011 président de la branche GNSO de l’ICANN, qui s’attelle au lancement des nouvelles extensions Internet.

Stéphane Van Gelder est également le directeur général d’Indom, un bureau français d’enregistrement de noms de domaine (registrar) qui est entré dans le giron du groupe britannique NBT.

Il revient sur les grands enjeux de cette libéralisation avec un grand WWW (interview enregistrée le 26/12/11).

ITespresso.fr: Quelles sont les prochaines étapes de la libéralisation ?
Stéphane Van Gelder : Le 12 janvier, c’est l’ouverture de la fenêtre des dépôts des candidatures. Tous les candidats potentiels vont pouvoir se manifester auprès de l’ICANN et rendre leurs dossiers d’inscription. La fermeture de la fenêtre pour déposer un dossier est prévue le 12 avril 2012. L’examen d’évaluation de ces dossiers devrait durer tout le long de l’année 2012. Voire un peu plus après.

Le 1er mai 2012 sera la troisième date importante : l’ICANN publiera la liste des candidatures reçues. A cette échéance, on pourra publiquement constater le nombre de candidatures déposés et quels types d’extensions sont demandés. On connaîtra alors les noms des groupements, les collectivités et les entreprises qui ont pris position. Après, il sera possible d’engager une procédure d’opposition si un dossier de candidature est contesté par un tiers.

ITespresso.fr: La publication des candidats, qui surviendra début mai, ne veut pas dire validation de l’ICANN…
Stéphane Van Gelder : Tout à fait. Ce sera vraiment la première étape pour vérifier les noms des candidats et regarder si l’extension demandée est autorisée.

ITespresso.fr: Vous avez une idée du nombre de candidats qui vont se manifester lors de cette ouverture ?
Stéphane Van Gelder : C’est très difficile à évaluer. L’ICANN a évoqué un temps le dépôt de 500 dossiers mais c’est très évasif. On considère que l’on connaît 300 dossiers qui ne sont plus secrets. Mais il reste encore beaucoup d’incertitudes sur le volet des entreprises. La plupart des experts évoquent entre 1000 et 1500 candidatures sur cette première fenêtre de tir [une dépêche AFP en date du 10 janvier évoque même 4000 candidatures, ndlr].

Au-delà de 500 candidatures, l’ICANN a déjà averti que le traitement de dossiers sera effectué par lots car ce sera plus compliqué. Mais ce sera aussi un gage du succès du programme. C’est surtout la qualité des extensions qui seront produites. La première extension qui sera homologuée le plus rapidement dans ce programme pourrait arriver sur Internet avant le début de l’année 2013. C’est un programme de longue haleine et son impact se fera vraiment ressentir à l’horizon 2015 lorsque les extensions seront vraiment utilisées. On verra ainsi dans quelle mesure elles seront vraiment exploitées de manière innovante.

ITespresso.fr: En France, ressentez-vous une manifestation d’intérêt spécifique pour ce programme ?
Stéphane Van Gelder : Les manifestations d’intérêt sont très dynamiques en France. Au sein de notre groupe international (Indom fait partie de Group NBT Ltd), la France est leader sur les demandes d’intérêts. Il est vrai que nous organisons une certaine évangélisation vis-à-vis de ce programme de l’ICANN pour que les entreprises prennent conscience de ce projet et qu’une veille soit organisée sur le sujet.

En France, nous avons de belles marques et de belles entreprises avec un rayonnement international. Un certain nombre de clients regardent ce programme uniquement sous l’angle de la protection (un réflexe du type « J’ai peur que l’on prenne ma marque donc je saute dessus mais je ne fais rien derrière »). A notre avis, ce n’est pas la bonne approche. Ce programme est trop cher et trop impliquant pour rester inactif. on travaille avec nos clients pour voir s’il y des grands projets derrière ces nouvelles extensions.

(Lire la fin de l’interview page 2)

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