Suicides de France Telecom : le procès pourrait démarrer l’an prochain

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Le Parquet demande le renvoi en correctionnel pour harcèlement moral de trois dirigeants de France Telecom, dont l’ex-P-DG Didier Lombard, après la série de suicides survenus entre 2008 et 2009.

Le dossier de la vague de suicides au sein de France Telecom (devenu Orange) dans la période 2008-2009 revient sur le devant de la scène judiciaire. Le procureur de la République de Paris demande le renvoi en correctionnel pour harcèlement moral de trois dirigeants du top management de l’opérateur à l’époque des faits : Didier Lombard (ex-P-DG), Pierre-Louis Wenès, (ex-numéro 2) et Olivier Barberot (ex-DRH). Ils avaient été mis en examen en juillet 2012.

« La Justice doit désormais statuer sur la responsabilité pénale des dirigeants qui ont délibérément mis ce plan en place alors qu’ils le savaient attentatoire à l’intégrité physique et psychologique des collaborateurs », estime la section syndicale CFE-CGC de l’opérateur qui avait initié la procédure devant la justice…en décembre 2009 avec SUD.

Quatre autres responsables de France Telecom sont également concernés par le renvoi en correctionnel pour complicité dans les méthodes de gestion RH conspuées. Le procès pourrait démarrer en 2017 ou l’année suivante, selon les syndicats.

Ce qui est mis en cause, c’est un système troublant de gestion des ressources humaines qui a tourné au harcèlement moral dans le cadre de la mise en œuvre des plans NExT (conduite du changement lié à un tournant industriel). En particulier le volet ACT, qui visait à supprimer 22 000  postes sans plan de sauvegarde de l’emploi.

Il a mis « sous une pression sans précédent 120 000 personnes, qui s’est traduite par plusieurs dizaines de suicides, dont plusieurs sur le lieu de travail, et des milliers de collaborateurs atteints de troubles liés à la dépression ou à l’anxiété dont ils ne se remettront peut-être jamais », évalue la CFE-CGC qui dresse ce bilan : « Fin 2008, 22 450 personnes avaient quitté l’entreprise, et 14 000 avaient changé de métier, dans une violence inouïe. »

« C’est un dossier dont tout le monde parle depuis des années, mais ce doit être regardé, non pas comme un problème sociétal, mais comme un dossier », a réagi l’avocate d’Orange, Me Claudia Chemarin, au micro de France Info. »Moi, je suis l’avocat de l’entreprise, c’est un dossier que nous devons défendre sans se préoccuper de ce que les médias, ou la société, veulent en faire. »

Tout en précisant : « Je rappelle que ce document n’est que l’avis du Parquet, et ne préjuge en rien de la décision qui sera rendue par le magistrat instructeur. »

RH : Orange veut  montrer une image plus humaine

Avec l’arrivée de Stéphane Richard à la présidence d’Orange en mars 2010, le groupe télécoms cherche à rehausser son image de gestion responsable des effectifs.

Hier, un communiqué de l’opérateur annonçait un accord de « méthodologie innovant proposant un cadre de référence et des outils en vue de garantir à chacun de ses 96 000 salariés français, une charge de travail adaptée ».

Signé le 21 juin par trois syndicats (CGC – CFDT – FO), il s’inscrit dans le cadre plan stratégique Essentiels2020 poussé par le P-DG actuel de l’opérateur.

(Description : Siège social d’Orange – Paris 15e Crédit : © Stéphane Foulon)

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