Très haut débit : les acteurs s’entendent sur la nécessité de réguler

Mobilité

Lors d’une session EBG, Free et Neuf se sont inquiétés de l’avance prise par Orange sur le déploiement de la fibre. Le câble profite d’une fenêtre stratégique.

Maxime Lombardini demande donc une « égalité de traitement dans la gestion des fourreaux » et propose notamment que « les tirages de fibres se fassent simultanément« . En cas de saturation des fourreaux, Free veut pouvoir s’appuyer sur une véritable offre fibre dégroupée et non une offre bitstream dont la dépendance au réseau de l’opérateur principal ne permet pas à l’opérateur alternatif de maîtriser ses propres services et, donc, son modèle économique. Enfin, Maxime Lombardini ne peut que constater les difficultés rencontrées pour signer avec les syndic et voit dans l’équivalent pour le client d’un équivalent au « droit à l’antenne » mais pour la fibre optique.

De son côté, Numéricâble anticipe sur les besoins futurs. Et diverge quelque peu de la notion partagée de mutualisation. « Notre vision de la mutualisation ne correspond pas à une infrastructure physique mais réseau« , explique Arnaud Polaillon, secrétaire général du câblo-opérateur désormais seul acteur du câble en France après les multiples consolidations du secteur. « Nous déployons toujours des fibres excédentaires pour commercialiser une offre de service aux opérateurs. Nous offrons de la fibre et non du volume d’air dans les fourreaux. »

Un formidable outil de déploiement du très haut débit

Mais au-delà du marché de la fourniture de réseau, Numéricâble voit l’arrivée de la fibre comme une opportunité sans équivalent. « La capillarité du câble ajoutée à la puissance de la fibre représente un formidable outil de déploiement du très haut débit. » Le câblo-opérateur investit 250 millions d’euros par an dans la rénovation de son backbone qui lui permettra de servir les clients jusqu’à 100 Mbit/s sans avoir à déployer la fibre jusqu’au domicile. Numéricâble raccorde en effet sa fibre à la partie coaxiale déjà déployée dans les immeubles pour diffuser ses services. Une position avancée face à celle des opérateurs télécom que Arnaud Polaillon voit comme « une fenêtre stratégique à exploiter dans l’immédiat« .

Plus proche de la vision de son concurrent le plus direct Free, Neuf Cegetel s’inquiète de l’avantage pris par Orange et Numéricâble sur le marché. « France Télécom, voire les câblo-opérateurs, tissent leurs toile de fibres et, comme les araignées, s’installent au milieu pour attendre de voir ce qui se passe« , s’inquiète Daniel Caclin, PDG de Erenis désormais propriété de Neuf Cegetel. Pourtant, avec les acquisitions de Mediafibre à Pau et Erenis à Paris, l’opérateur n’est pas le plus en retard en matière de FTTH. Il annonce 100 000 prises raccordées pour la fin de l’année. Et affiche un large optimisme face aux 20 % de conversion constatée en 6 à 12 mois dans les immeubles où pénètre la fibre.

Mais aux yeux du responsable, le développement du marché devra effectivement passer par une régulation symétrique (c’est-à-dire appliquée à tous les opérateurs) de l’accès des immeubles et des NRO (noeud de raccordement optique) pour l’accès à la boucle locale. « Sinon, on risque de se retrouver avec un rebasculement du marché et il sera trop tard [pour les concurrents]. » Enfin, Neuf Cegetel a évoqué le rôle des collectivités dans le déploiement des réseaux fibrés dans les villes de moyennes importance où les acteurs privés n’ont pour le moment pas les moyens de s’investir.