Très haut débit : les collectivité publiques doivent (s’) investir

Mobilité

Sans le soutien des collectivités publiques et de l’Etat, seul un tiers des foyers français sera équipé en fibre optique vers 2015.

Selon Tactis, un cabinet d’études sur les télécoms et les initiatives des collectivités dans ce domaine, on recense 30 millions de foyers FTTH dans le monde, dont 20 000 en France. On est encore bien loin de l’objectif gouvernemental des 4 millions de foyers connectés en FTTH d’ici 2012.

Mais aujourd’hui, le déploiement de la fibre optique, déjà amorcé par Numericable, SFR, Orange et peut-être Free, ne concerne encore que les zones les plus denses. En dehors de ces territoires, les collectivités territoriales semblent être des interlocuteurs privilégiés pour le déploiement du très haut débit en France.

Ainsi, l’Association des Régions de France a confié au cabinet de conseil PMP une mission d’analyse stratégique sur la couverture très haut débit des territoires, avec l’appui technique de l’Avicca (Association des villes et collectivités pour les communications électroniques et l’audiovisuel).

Le passage au très haut débit est inévitable

Cette analyse a pour objectif de proposer aux collectivités publiques un éclairage sur leur rôle potentiel dans le domaine du très haut débit, et d’identifier des évolutions souhaitables du cadre général du déploiement du très haut débit, dans le but d’obtenir une couverture maximale des territoires à partir d’un modèle économique viable.

Premier constat soulevé dans ce rapport : le haut débit n’est plus suffisant pour jouir pleinement des nouveaux usages du Web. Le très haut débit (20, 50, 100 Mbit/s et plus) s’annoncera bientôt comme une nécessité, tant pour les particuliers que pour les entreprises. Le très haut débit est donc vu comme un inévitable vecteur d’amélioration de la vie quotidienne.

Et ce, à l’échelle européenne. La Finlande, la Grèce, l’Irlande et l’Italie ont déjà lancé des « politiques nationales volontaristes en matière de très haut débit. » La France commence elle aussi à élaborer son cadre juridique en la matière. Le déploiement du très haut débit et de la fibre optique est un sujet qui s’inscrit au coeur de la loi de Modernisation de l’Economie, qui prévoit le pré-équipement des immeubles neufs en fibre optique à partir de 2011.

Les collectivités publiques doivent mettre la main au portefeuille pour couvrir les zones les moins denses

Mais le rapport se veut aussi alarmiste : sans intervention publique, seulement un tiers des foyers en 2015 sera équipé en FTTx, les autres n’auront que le choix entre l’ADSL et le haut débit mobile.

Et l’investissement pour le déploiement de la fibre optique s’annonce très lourd : il faudra investir 40 milliards d’euros pour remplacer le réseau de distribution téléphonique par un réseau optique. Une somme importante que les opérateurs ne pourront pas prendre intégralement en charge.

L’implication des collectivités dans le développement des réseaux très haut débit est donc indispensable, notamment pour en permettre le déploiement dans des zones les moins denses. Ainsi, une prise FTTx est sept fois plus chère en zone rurale qu’en ville. Pour concilier les logiques économiques et l’égalité numérique, le rôle des collectivités est donc primordial.

Avec des aides publiques complémentaires de l’ordre d’un milliard d’euros par an pendant dix ans, les projets de collectivités pourraient apporter le FTTH (Fiber to the Home) à presque tous les Français dans la prochaine décennie.

Etablir un cadre d’intervention sur le long terme

Encore faudrait-il qu’un cadre d’intervention viable soit mise en place pour atteindre une couverture du territoire en fibre optique de l’ordre de 90% dès 2020.

Celui-ci se trouve aujourd’hui conditionné par deux pré-requis : que les autorités de régulation améliorent les conditions actuelles d’accès aux infrastructures de l’opérateur historique France Telecom et de mutualisation des nouveaux réseaux, qui ne sont pas adaptées en dehors des zones les plus denses.

Et que France Telecom « clarifie ses intentions de déploiement dans les zones de monopole naturel », pour que les collectivités puissent prendre leurs décisions d’investissements avec une meilleure visibilité.