Très haut débit : surtout ne pas sous-estimer l’avantage concurrentiel

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Selon le cabinet en management Sia Conseil, une explosion plus rapide du très
haut débit signera plus tôt le déclin de l’ADSL en France.

Le très haut débit (THD) avec la fibre optique connaîtra-t-il la même progression fulgurante en France que le haut débit avec l’ADSL? Le cabinet d’études Sia Conseil , qui publie régulièrement des études et des éclairages sur les sujets des nouvelles technologies et des technologies de l’information, en est convaincu. Et ses prévisions dépassent probablement les espérances des opérateurs qui se lancent dans la course de la fibre optique : Orange, Free et Neuf Cegetel à l’échelle nationale, Erenis sur Paris.

Selon le cabinet en management Sia Conseil, le taux de pénétration du THD en France atteindra les 37 % en 2012. Soit cinq millions d’abonnés qui bénéficieront de connexions Internet à plusieurs dizaines de mégabits par seconde (Sia considère le THD comme les bandes passantes comprises entre 25 et 200 Mbit/s). A comparer aux 4 millions de foyers raccordés en fibre optique à la même échéance que vise le ministère de l’Industrie.

La prévision de Sia Conseils reste néanmoins inférieure aux ambitions jugées démesurées du câblo-opérateur Noos/Numéricâble, qui vise les 9 millions de foyers raccordables en THD pour la fin 2009.

Un avantage concurrentiel important

Plusieurs conjonctures expliquent cette ruée attendue vers le très haut débit, selon le cabinet d’analyses. D’abord, l’occasion pour les opérateurs de se différencier sur le marché et d’attirer les abonnés des concurrents.  » Proposer le très haut débit sera un avantage concurrentiel important pour recruter de nombreux clients d’opérateurs qui n’auront pas l’infrastructure nécessaire pour proposer des services équivalents », écrit Stéphane Dubreuil, Directeur Télécoms & Médias de Sia Conseil. Ensuite, la course au déploiement du réseau pour ne pas se laisser distancer par la parc installé du câble dont la mise à jour de l’infrastructure nécessite beaucoup moins d’investissements que pour les opérateurs de télécommunication.

D’ailleurs, les opérateurs qui investiront les premiers immeubles et quartiers « profiteront […] d’un monopole temporaire local en THD et risquent fortement de faire ?résilier’ des clients d’opérateurs concurrents « . La perspective de mutualisation des infrastructures ainsi installées donneront lieu à des rentes liées aux « droits de passage » accordés aux concurrents. « Le nombre d’immeubles câblés déterminera le rapport de force entre les acteurs dans les négociations futurs », souligne Stéphane Dubreuil. Une situation qui restera d’autant plus profitable que le marché ne sera pas réglementé dans un premier temps.

Un revenu par abonné regonflé

Enfin, l’espoir d’un revenu par utilisateur (ARPU) regonflé devrait inciter les opérateurs à proposer le plus rapidement possible des services de contenus adaptés au THD. Cinéma haute définition, vidéo à la demande, services peer to peer, mondes virtuels, e-learning, soins à distance… le revenu par abonné pour l’opérateur augmentera de 10 à 15 euros, estime le cabinet d’études.

Dans ce cadre, l’analyste voit mal comment Free pourrait conserver son tarif annoncé de 29,99 euros par mois pour le service fibre optique. « Cette position ne semble guère tenable tant le niveau d’investissement est fort (1 milliard d’euros d’ici 2012) et la destruction de valeur importante. Cette gratuité de façade sera compensée par des coûts cachés : installation, facturation de la box THD, durée d’engagement, coûts de résiliation et autres. «  Mais « la tarification agressive de Free sera une nouvelle fois un des déclencheurs de l’adoption précoce de cette technologie. »

L’explosion du THD signera en toute logique le déclin de l’ADSL qui pourrait démarrer à partir de 2010, selon Sia Conseil. Déclin qui entraînera une nouvelle guerre des prix pour les acteurs purement ADSL laquelle pèsera sur les marges des acteurs. Une situation qui risque d’être intenable pour certains et entraînera à son tour une reconsolidation du secteur. Sia Conseil prévoit un rétrécissement de six à quatre opérateurs/FAI en France. Orange, Free, Neuf Cegetel et Noos/Numéricâble? Le cabinet d’analyse se garde bien entendu de toute annonce en ce sens, mais à moins d’un revirement inattendu, la situation actuelle du marché laisse peu de place au doute.