Tribune : Free Mobile : Xavier Niel prend-il tous les Français pour des c… ?

Marketing

En qualité de Président CFE-CGC/UNSA France Telecom-Orange, Sébastien Crozier signe une contribution sur l’arrivée de Free Mobile et son impact jugé négatif sur la téléphonie mobile voire sur la société française.

Un commissionnement par l’opérateur de crédit ?

Les offres de Free Mobile ne comportent pas de mobile, et n’intègrent donc aucune subvention du terminal, au contraire des offres proposées par les opérateurs en place.

Le site de Free Mobile propose cependant des terminaux dans une boutique en ligne dont l’ouverture est annoncée pour le 24 janvier.

Certains sont proposés avec une possibilité de paiement en 12 ou 24 mensualités, via un crédit renouvelable ou « revolving » (ces fameux crédits aux taux proches de l’usure qui génèrent tant de dossiers de surendettement) assuré par Crédit Agricole Consumer Finance (Sofinco, Finaref).

Si l’offre de crédit est annoncée « sans frais », certains observateurs ont noté que les tarifs des mobiles ainsi proposés sont supérieurs aux tarifs constructeurs, de l’ordre de 14% .

Effectivement, dans ces conditions, on peut offrir un crédit « gratuit », et sans doute commissionner l’apporteur d’affaires qui amène de nouveaux moutons à l’abattoir du crédit renouvelable.

Les informations actuellement disponibles sur le site ne permettent pas de connaître le prix du crédit, ni qui le prend en charge, comme c’est pourtant la loi.

L’offre de crédit étant soumises aux conditions de la banque, on peut aussi se demander si ceux qui en ont le plus besoin économiquement parlant pourront vraiment en bénéficier  : il est douteux que les bénéficiaires du RSA soient éligibles aux offres de crédit sur les terminaux… même si Xavier Niel s’insurge contre le tarif social des autres opérateurs.

Il restera la possibilité de faire désimlocker le terminal obtenu via la subvention du précédent opérateur : là encore, Free s’appuie sur le travail réalisé et financé par les acteurs en place, et si la route n’avait pas été ouverte au préalable, son système ne fonctionnerait pas !

De nouvelles délocalisations prévues… et à prévoir

Free mobile n’a pour le moment que quelques boutiques physiques, visiblement confidentielles car elles ne sont pas présentées sur le site de l’opérateur : l’objectif, c’est de tout traiter par téléphone depuis l’étranger, cela coûte évidemment moins cher.

Ce service client par téléphone, sera assuré par trois prestataires externes (Teleperformance, Webhelp et Outsourcia), comme nous le dévoile le magazine « En contact » , et plus précisément… au Maroc.

[Note de la rédaction : dans notre entretien vidéo, Xavier Niel assure que les collaborateurs d’un centre d’appels à Casablanca, qui existe depuis six ans au sein du groupe Iliad,  prendra en charge la relation clientèle de Free Mobile pour assurer les horaires de nuit et le week-end].

Et ce même si quelques centres d’appels en France visent à masquer cette délocalisation massive.

Non seulement il y aura peu ou pas de création d’emplois en France pour le lancement de ce nouvel opérateur mobile, mais, pour aligner leurs prix en préservant leurs capacités d’investissement, les trois autres opérateurs seront obligés de délocaliser aussi.

L’arrivée de Free mobile se soldera donc plus vraisemblablement sur une perte d’au moins 10 000 emplois, que par la création de ceux qu’il avait promis, et qui pour le moment ne sont pas au rendez-vous.

Mais pourquoi se gêner, puisque le cahier des charges du régulateur n’impose aucune obligation sur l’emploi lors des attributions de licences, comme nous l’avons si souvent dénoncé, et en dépit de toutes les promesses gouvernementales de faire de l’emploi une priorité nationale.

Bouygues Telecom, qui jusqu’à présent gérait l’ensemble de son service client depuis la France, ne pourra plus le faire… d’autant que les avantages dont il bénéficiait sur la terminaison d’appel s’éteignent en même temps que Free mobile arrive sur le marché.

Nul besoin d’expliquer que l’Élysée a demandé à ce que les plans sociaux ou de départs volontaires soient repoussés au-delà de l’élection présidentielle…

(Lire la fin de la tribune page 2)

Lire aussi :