Tribune libre (CFE-CGC) : les questions soulevées par la candidature UMTS de Free

Mobilité

Est-il raisonnable qu’il y ait un 4ème opérateur UMTS en France ?
L’accroissement de la concurrence va-t-il bénéficier aux consommateurs ? Voici
quelques questions qui nous paraissent légitimes à poser.

On peut douter que le mode actuel de régulation constitue une réponse efficace. Le credo communautaire, qui veut que l’exacerbation de la concurrence favorise par définition le consommateur, prend un tour de plus en plus dogmatique ou démagogique.

Ainsi, la dernière décision de la Commission européenne concernant le roaming est lourde de conséquences pour les opérateurs et à terme pour le consommateur français. En baissant le prix du roaming européen, tarif d’interconnexion entre les communications internationales, Bruxelles veut donner l’impression qu’elle se préoccupent de l’intérêt des consommateurs au final. Par méconnaissance des contraintes du marché, les résultats concrets peuvent en être très éloignés.

Regardons le cas de la France qui est l’une des premières destinations touristiques dans le monde. Le roaming dégageait un excédent de près d’un milliard d’euros sur la balance des paiements française. Cela permettait les investissements nécessaires à maintenir une qualité de réseau.

Un exemple parmi tant d’autres : la petite ville de Lacanau, dans la presqu’île du Médoc : 4000 habitants en hiver, 55 000 pendant les deux mois d’été, dont une majorité éc rasante d’étrangers. Si le prix du roaming s’effondre, quelle capacité de rentabilisation aura l’opérateur s’il fournit pendant deux mois de l’année seulement un service au prix standard ? Aucune. En conséquence, dans l’impossibilité de rentabiliser des pointes de trafic, les infrastructures réseaux locales ne seront plus mises à niveau et seront rapidement saturées. Le coût social d’une surchauffe réglementaire

Pour être efficace et pérenne, l’organisation du marché doit viser à la satisfaction tout à la fois du public, des entreprises et de leurs salariés. La cohérence des mesures doit être le principe 1er. Au nom de la libre-concurrence et de la dérégulation, le nombre d’intervenants sur le secteur est aujourd’hui tel qu’aucun marché n’est aussi étroitement réglementé, le plus souvent de façon très contradictoire.

Des acteurs multiples obéissent chacun à leur propre logique administrative ou idéologique: le marché français des télécoms subit ainsi les lois, décisions, directives, arrêts et circulaires de la Commission européenne, de l’Arcep, de diverses autres « autorités » comme le Conseil de la concurrence ou le gouvernement (souvenons- nous des interventions de Patrick Devedjian sur le prix du SMS lorsqu’il occupait le poste de ministre délégué à l’Industrie dans la période période mars 2004 – mai 2005).

Pour quels résultats ? Un secteur qui vit de restructurations en restructurations avec de très nombreuses suppressions d’emploi dans les trois dernières années (22 000 pour le seul groupe France Télécom, 1900 chez SFR, 1500 chez Alcatel, près de 1400 chez Noos / Numéricâble et un millier chez Neuf / Cegetel) et des consommateurs, otages plutôt que bénéficiaires de la financiarisation du marché, qui se plaignent unanimement de la baisse continue de la qualité de service.

Le texte publié reste de la responsabilité des auteurs, qui revendiquent leur indépendance vis-à-vis de la direction de France Telecom. D’autre part, ce point de vue n’engage pas les équipes de Vnunet.fr et de Silicon.fr.