Tristan Nitot (Mozilla) : « Privatiser le Web est une tentation toujours présente »

Mobilité

Firefox 3, version mobile, les 10 ans de Mozilla… Lors d’un entretien réalisé sur Solutions Linux , le Président de Mozilla Europe se montre volubile.

Avez-vous une idée du taux de pénétration de Firefox dans le milieu professionnel?
T.N. : Aucune. Il y a quelques temps, l’outil de statistique Xitimonitor cherchait à répondre à cette question en différenciant les connexions sous Firefox effectuées en semaine, plutôt par les entreprises donc, de celles du week-end, plutôt les particuliers. On y voyait une hausse du trafic de Firefox le week-end. L’écart s’est réduit au fil du temps et a totalement disparu des résultats aujourd’hui. Je pense donc que Firefox progresse en entreprise mais j’ignore dans quelles proportions.

Où en sont les développements de Firefox Mobile et sur quelle plate-forme s’intégrera le navigateur pour terminaux mobile?
T.N. : Pour les plates-formes Linux, c’est sûr. Pour les autres, nous étudions justement la stratégie à adopter pour son déploiement. Car le marché du mobile est particulièrement fermé aujourd’hui. Les opérateurs bataillent pour contrôler l’expérience utilisateur. Mais cela change depuis quelques temps. Et je pense que l’iPhone d’Apple a donné un coup de pousse dans ce sens. C’est quand même la première fois qu’un fabricant fait le bras de fer avec les opérateurs, impose ses fonctionnalités et oblige de rétrocéder une partie de l’abonnement. L’annonce d’Androïde de Google et Linux en sont un second exemple car cela ouvre le marché. Il y a une dynamique qui fait que la citadelle des opérateurs s’écroule petit à petit.
Aujourd’hui, avec nos technologies ouvertes, nous ne sommes pas commercialement structurés pour aborder ce marché face à un acteur comme Opera dont le développement s’appuie sur la vente de licences et de support de développement. Mais demain, avec les opérateurs, les fabricants, les fournisseurs de contenus qui se dirigent vers un modèle de terminal mobile à la carte pour mieux répondre aux attentes des utilisateurs, Mozilla sera plus pertinent pour répondre à ces besoins.

La Fondation Mozilla estime à 150 millions le nombre d’utilisateurs actifs de Firefox sur près de 500 millions de téléchargements. Que recouvrent ces chiffres et comment expliquer cet écart entre utilisateurs et téléchargements.
T.N. : D’abord, les 500 millions recouvrent les téléchargements de toutes les versions confondues : la 1.0, la 1.5 et la 2. La fonction de mise à jour automatique n’est apparue qu’avec la version 2. Et les différentes instances de mises à jour ne sont évidemment pas comptabilisées dans les téléchargements. Nombre d’utilisateurs ont donc téléchargé plusieurs fois Firefox à travers ses différentes versions. Et il n’est pas rare de réinstaller Firefox, ne serait-ce que quand on réinstalle Windows. Et puis il y a les gens qui téléchargent Firefox, s’en servent une fois ou deux et, pour diverses raisons, ne l’utilisent plus. Mais le résultat final, les 150 millions d’utilisateurs, dépasse largement tout ce qu’on avait espéré. Et nous allons maintenir la pression sur Microsoft avec la sortie de Firefox 3.