Uber en France : quelles relations avec l’écosystème ?

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Uber réaffirme son ambition de dialogue avec les chauffeurs et leurs associations représentatives, ainsi que les syndicats. Qu’en est-il dans la pratique ?

Mise en place de réunions avec les partenaires chauffeurs et les associations qui les représentent, réflexion commune avec la CFDT sur l’avenir de « l’économie à la demande »… Uber réaffirme sa volonté de renforcer le dialogue avec les parties prenantes et intéressées à l’écosystème du transport public de personnes.

Ces ambitions se sont illustrées dans un récent bulletin d’information d’Alternative Mobilité Transport.

L’association francilienne, qui défend les intérêts des VTC et des capacitaires, reconnaît que « sous la pression », la multinationale venue de San Francisco a pris des initiatives. Notamment la constitution d’une commission de recours incluant des représentants des conducteurs… et que ces derniers pourront saisir s’ils jugent injuste leur déconnexion de la plate-forme (l’AMT estime qu’en la matière, les décisions sont « arbitraires, voire partisanes »).

Uber aurait aussi reconnu, toujours d’après Alternative Mobilité Transport, que la politique tarifaire sur ses produits était « en inadéquation » avec la qualité de service demandée et les coûts réels des chauffeurs. L’association a, à cet égard, émis des propositions, parmi lesquelles la facturation du temps d’approche et la revalorisation de la course minimum. Il fut un temps question d’une baisse de la commission d’Uber, mais cela ne semble plus à l’ordre du jour…

Clarifier les rôles

Sur la question des travailleurs et de leurs droits, Uber a participé à une table ronde avec la CDFT.

Le syndicat estime qu’il est urgent de faire évoluer le cadre, à l’heure où le flou règne entre des actifs, des étudiants et des retraités qui arrondissent leurs fins de mois, les autoentrepreneurs qui cumulent plusieurs emplois et les salariés d’entreprises prestataires.

La CFDT pointe surtout du doigt le comportement de certaines plates-formes, qui ne laissent à leurs affiliés aucun contrôle sur le carnet de commandes, imposent des grilles tarifaires, exigent le versement de commissions et fixent des critères de rentabilité.

Le syndicat n’oublie pas l’article 60 de la loi travail, qui s’inscrit dans une logique de responsabilisation de ces plates-formes, en matière de couverture des accidents du travail, de formation professionnelle ou encore de droit d’action collective).

Mais Uber doit surveiller un autre front en parallèle : la proposition de loi Grandguillaume, que le Sénat a adoptée le 19 octobre en première lecture, trois mois environ après l’Assemblée nationale.

Le débat LOTI

Au contraire des plates-formes, les associations représentatives des chauffeurs soutiennent globalement l’esprit du texte. Le plan de transition du cadre LOTI vers le cadre VTC, objet de l’article 4, cristallise toutefois les tensions.

Du côté de la FTCP (Fédération de Transport des Chauffeurs Privés), on recommande, en se référant à un amendement qu’avait déposé – sans succès – le sénateur Michel Bouvard (LR, Savoie), d’accorder aux capacitaires un délai de trois ans à compter de la promulgation de la loi pour s’aligner sur le nouveau cadre, qui unifie les statuts VTC / LOTI.

L’AMT dénonce tout simplement « la mise à mort des entreprises LOTI », en rappelant que le texte voté par l’Assemblée nationale fixait l’échéance à juillet 2018, alors que la version adoptée au Sénat ne donne qu’un an à compter de l’entrée en vigueur… qui pourrait intervenir en janvier 2017.

Quelles démarches les LOTI devront-ils accomplir ? Le député Laurent Grandguillaume, médiateur dans le « conflit taxis – VTC », a apporté des précisions en réponse à la demande d’un adhérent de la FTCP. On apprend notamment qu’il faudra justifier d’un an minimum d’activité de conduite professionnelle sur les 10 dernières années et que le cas des LOTI en permis probatoire fera l’objet d’une dérogation par décret en Conseil d’État.

Graines d’entrepreneurs

La dialogue avec l’AMT, la FTCP et consorts portera aussi sur la rentabilité des partenaires chauffeurs et sur l’assistance qui peut leur être apportée.

Sur ce dernier point, Uber a inauguré, à la mi-septembre, un centre d’accueil à Aubervilliers. Chaque semaine, « plus de 2 500 personnes » s’y rendraient pour rencontrer, entre autres, centres de formation, loueurs de voitures et comptables.

Dans la même veine, Uber accompagne la deuxième édition de #70000Entrepreneurs, en partenariat avec l’Adie Île-de-France, Planet Adam (spécialiste de la création d’entreprise), Pôle emploi Île-de-France et Voitures Noires.

Un bus itinérant ira, du 15 novembre au 3 décembre, à la rencontre des aspirants chauffeurs pour leur faire découvrir le métier, se former en ligne, trouver un financement et créer leur entreprise. Ayant fait étape à Saint-Ouen-l’Aumône ce mardi, il est aujourd’hui à Poissy. Suivront Montreuil, Livry-Gargan, Sarcelles, Massy, Aulnay-sous-Bois, Argenteuil et Garges-lès-Gonesse. La première édition, organisée le 17 mai 2016 avec la mairie de Bagnolet, avait réuni 270 personnes.


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