Vignette parachève sa mutation

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Depuis quelque temps déjà, on savait que le spécialiste de la gestion de contenu, Vignette, lorgnait du côté des portails d’entreprise. Pour s’imposer dans ce nouveau domaine, il a procédé à plusieurs acquisitions. Dernière en date : l’éditeur Epicentric, racheté fin 2002?

Vignette va-t-il réussir sa mutation d’éditeur star de la gestion du contenu en spécialiste des portails d’entreprise? Car c’est bien le défi que s’est posé l’éditeur américain. Vignette s’est fait connaître à la grande époque du phénomène start-up et du commerce électronique BtoC avec une plate-forme logicielle de gestion et de personnalisation du contenu affiché sur les sites Web. Depuis, les préoccupations des entreprises ont progressivement glissé du BtoC à la gestion du contenu qui prolifère entre leurs murs, qu’il s’agisse d’information non structurée que celle issue des systèmes transactionnels. C’est le secteur de l’Enterprise Content Management (ECM) par opposition au Web Content Management. Du coup, l’étoile Vignette a un peu pâli ? c’est très sensible au niveau de ses résultats financiers – alors que des acteurs plus traditionnels de la GED (Documentum, Filenet?) tendent à s’imposer comme des valeurs sûrs, fortes d’un positionnement ad hoc. C’est ainsi que nous avions décrit l’évolution du marché de la gestion de contenu, à l’occasion de la sortie de la nouvelle version du produit phare de Filenet (voir édition du 27 janvier 2003)

Une stratégie d’acquisition

Pour autant il faut se garder d’enterrer prématurément Vignette. Pour François Pichon, directeur marketing au sein de la filiale française, la comparaison de Vignette avec des éditeurs d’ECM n’est même pas pertinente : « La philosophie de l’offre produit de ces acteurs n’est pas du tout la même que la notre. Alors qu’ils sont dans une approche de type référentiel de documents, lesquels sont mis à disposition des utilisateurs, nous, nous cherchons à délivrer des services applicatifs dotés d’une interface Web, tant à l’intérieur de l’entreprise, aux employés, qu’à l’extérieur, aux clients et fournisseurs. » Pour être plus clair encore, Vignette se veut désormais spécialiste des portails d’entreprise. C’est dans cette perspective qu’il a racheté fin 2002, l’éditeur Epicentric, lui aussi positionné sur le secteur des portails. Acquisition qui vient compléter d’autres plus anciennes dans les domaines de la personnalisation (Oberon), de l’intégration (OnDisplay) ou encore de l’analyse du trafic (Datasage). De son côté, les points forts d’Epicentric sont la personnalisation de l’interface de l’utilisateur final, l’administration de l’accès au portail et la facilité à le déployer. Deux offres, dont le cabinet d’études AMR Research, dans une note récente, soulignait la complémentarité. Deux offres qu’il reste cependant à intégrer.

Conforme au standard J2EE

En attendant, la dernière version du produit de Vignette est disponible depuis fin janvier. Parmi ses caractéristiques, François Pichon cite en premier lieu des délais d’installation raccourcis (de l’ordre du mois, alors que la plate-forme logicielle de Vignette était connue jusqu’à présent pour être délicate à domestiquer) mais également un référentiel de gestion du contenu virtuel, ce qui évite de dupliquer les informations; un nouveau moteur de workflow; des fonctions d’analyse de la logique de consultation du portail; et une parfaite conformité au standard J2EE. Ce qui signifie que le logiciel Vignette fonctionne avec les serveurs d’applications tels que WebSphere d’IBM ou WebLogic de Bea Systems, lesquels s’enrichissent de fonctionnalités de gestion du contenu et de portail… Si Vignette ne se vit pas comme un concurrent des Filenet et Documentum, il doit, là où il place désormais ses ambitions, faire face à une pression concurrentielle non moins âpre. Face aux IBM et Bea, il lui faudra constamment apporter la preuve d’une maîtrise supérieure de ces domaines applicatifs.