VTC : cette capacité d’Uber à lâcher du lest et à faire de la résistance

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Uber va ériger un fonds de soutien pour ses chauffeurs en difficulté mais refuse de modifier le taux de commission récemment instauré, qui avait provoqué la colère des chauffeurs VTC.

La situation demeure alambiquée avec Uber impliqué dans les discussions entre plateformes et les conducteurs VTC sous la houlette du gouvernement. Et il faudra probablement du temps avant d’apaiser les esprits des différents protagonistes.

Lundi, le secrétaire d’Etat au transport Alain Vidalies a cherché à obtenir plusieurs conditions de la part d’Uber pour « mener les discussions » dans un climat plus serein. En particulier celle de geler l’augmentation de la commission qui était passée de 20 à 25%. Un nouveau barème qui est mal passé dans la communauté des « partenaires » (chauffeurs) Uber.

Mais, aujourd’hui (20 décembre), lors d’une nouvelle rencontre entre plateformes et représentants de chauffeurs VTC, Uber n’a « pas répondu favorablement à cette demande ».

Néanmoins, la société américaine compte créer un fonds de deux millions d’euros pour « ses chauffeurs partenaires en difficulté en France ».

La situation va être compliquée à gérer car les syndicats VTC exigeaient au préalable un retour au commissionnement de 20% par course pour poursuivre les discussions.

Autre décision difficile à digérer : le fait d’avoir descendu le seuil du prix minimum à six euros (contre huit euros auparavant). Il sera intéressant de suivre la réaction des syndicats VTC au regard de l’évolution de la discussion.

Pour calmer les esprits échaudés, un médiateur a été nommé par le gouvernement : Jacques Rapoport, ex-président de la SNCF Réseau.

Il devra aborder quatre thèmes pour aboutir à un accord d’ici le 31 janvier 2017 : tarification, conditions de déconnexion des plateformes pour les chauffeurs, protection sociale et charges. A charge pour le médiateur de discuter des modalités de création du fonds Uber.

Appel à l’apaisement

Parallèlement, dans le courant de la semaine, le Parlement doit boucler l’examen d’une proposition de loi du député socialiste Laurent Grandguillaume encadrant les plateformes VTC mises à disposition des 22 000 chauffeurs VTC recensés sur le territoire national.

Sachant qu’il faut distinguer le statut de conducteurs de taxi, VTC et Loti (transport collectif à la demande), trois professions aux statuts différents qui ciblent des profils de clients identiques dans le segment du « transport public particulier de personnes ».

Pour tenter d’éviter une éventuelle reprise du conflit qui avait déjà abouti à des blocages sur la voie publique et des actes de violence, le secrétaire d’Etat au transport Alain Vidalies appelle tous les acteurs du secteur « à l’apaisement » au regard du « cycle de négociation proposé ».

Au regard de son influence sur le marché (1,5 million d’utilisateurs de l’appli en France), Uber est un interlocuteur incontournable.

Parmi les challengers français figurent LeCab (groupe Keolis) qui a réagi dès la fin de la concertation supervisée par le secrétariat d’Etat au transport : « Il convient d’éviter le mélange des genres car LeCab, comme les autres plates-formes françaises, entretient des relations constructives avec ses chauffeurs partenaires et les associations qui les représentent. D’ailleurs les revendications actuelles, comme la course à 8 euros minimum et la commission de 20% sont en vigueur chez LeCab », déclare Marc-Antoine de Longevialle, Secrétaire Général de LeCab.

Tout en poursuivant : « Le droit de grève et de déconnexion des chauffeurs est indiscutable, mais il ne faut pas qu’il se manifeste au détriment de la liberté de travailler pour ceux qui le souhaitent.  »

(Crédit photo : Les chauffeurs de VTC reçus par le gouvernement #AFP (réunion du 19/12/16) : copie d’écran vidéo AFP)

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