Wengo veut devenir le Firefox de la voix sur IP

Mobilité

Le service de voix sur IP de Neuf Télécom se rapproche du navigateur alternatif. Il prévoit 4 millions d’utilisateurs à la fin de l’année.

Lancé il y a un an en version bêta (voir édition du 5 janvier 2005) et depuis mai 2005 en phase opérationnelle, Wengo poursuit ses ambitions de conquête sur le marché de la voix sur IP à travers son application de communication Internet et sa Wenbox pour la téléphonie « traditionnelle ». Des ambitions qui s’appuient plus que jamais sur le modèle open source et le logiciel.

Dans cet esprit, Wengo entend livrer en février prochain une extension pour Firefox. « La première extension de voix sur IP pour Firefox », annonce David Bitton, le directeur général de Wengo.

Développée en XUL (un langage basé sur XML pour décrire une interface graphique), cette extension permettra de lancer un appel téléphonique à partir d’un simple clic de souris sur un numéro de téléphone affiché sur une page web. XulRunner, le moteur XUL, permettra également de lancer l’extension indépendamment de Firefox.

Thunderbird sera aussi concerné

L’interface permettra également de vérifier la présence en ligne de contacts, de partager des documents, d’entrer dans une session de dialogue par messagerie instantanée ou par visiophonie. Réunir l’ensemble des services sous une seule application, Firefox, n’est pas le seul avantage. L’extension sera également multi plates-formes, Windows, Linux et Mac OS (alors que ce dernier environnement tend à être négligé dans les développements d’applications).

Enfin, la localisation des projets assurée par la communauté du libre facilite l’adoption des applications à l’échelle internationale. Cela représente une économie d’énergie pour Wengo qui prévoit également de développer une extension similaire pour Thunderbird, le client de messagerie de la fondation Mozilla.

Le tremplin Firefox

« Ce n’est pas un partenariat », précise Tristan Nitot, président co-fondateur de la fondation Mozilla Europe, éditeur de Firefox et Thunderbird. « Nous n’avons pas besoin de partenariat », confirme le porte-parole de Wengo, « dans l’open source, il suffit d’aller chercher des briques [logiciels]. »

Partenariat ou pas, il est clair que surfer sur la vague Firefox présenterait un tremplin pour Wengo. Le navigateur alternatif à Internet Explorer a été téléchargé plus de 137 millions de fois depuis son lancement en novembre 2004 (dont 20 millions pour la version 1.5) et est crédité de 20 % de part de marché en Europe (voir édition du 18 janvier 2006). Un succès enviable. « On aimerait être le Firefox de la voix sur IP », avoue David Bitton.

4 millions d’utilisateurs de Wengo d’ici fin 2006

Si le chemin est encore long, la filiale de Neuf Cegetel connaît ses derniers mois un succès encourageant. Entre début décembre et aujourd’hui, Wengo est passé de 60 000 utilisateurs inscrits – dont 14 000 payants (voir édition du 6 décembre 2005) – à plus de 320 000 dans 77 pays.

« Aujourd’hui, on enregistre entre 11 et 12 000 inscrits par jour », souligne David Bitton. Cinquante fois plus qu’il y a encore deux mois. Et la France ne représente que 28 % des nouveaux inscrits.

Sur la base de ces données, Wengo projette 4 millions d’utilisateurs d’ici la fin de l’année. « Nous sommes sûr de convertir une partie d’entre eux aux services payants », lance le directeur général.

Interopérabilité en vue

En attendant, Wengo poursuit ses développements logiciel et annonce d’autres nouveautés pour le courant de l’année. Notamment le Wengophone, la version logicielle du BeautifulPhone de Neuf Télécom, qui permet, de téléphoner sur un réseau Wi-Fi en VoIP ou, plus classiquement, sur le réseau GSM/3G (voir édition du 25 novembre 2005).

Côté messagerie instantanée, Wengo vise l’interopérabilité avec tous les acteurs du marché (MSN-Yahoo, Google-AIM) à travers l’utilisation de Lib Gaim, une librairie open source qui assure les communications avec les environnements propriétaires.

Wengo étendra par ailleurs sa gamme de services avec la mise à disposition d’un annuaire des utilisateurs (aussi bien du téléphone que de la messagerie instantanée), ainsi qu’une liste de contacts composée de tous les moyen de communiquer les correspondants (e-mail, télphone, messagerie instantanée, visiophonie, SMS). Sans oublier le site openwengo.org ou chacun est libre d’apporter sa pierre à l’édifice. Bref, l’année 2006 promet d’être riche pour Wengo.