Tribune Nicolas Ruiz (EviGroup) : « iPad, un smartphone XXL »

Enfin, le dernier point gênant sur cette tablette, c’est l’expérience web qualifiée de « Wonderful » par Steve Jobs himself.

Le PD-G d’Apple nous avait déjà fait le coup pour l’iPhone, hors, il s’avère que c’est LA plate-forme mobile qui accueille le plus d’applications « mimant » le comportement d’un site Web. La plupart des gros sites (comme Le Monde) annoncent leurs applications, qui met mieux en forme le site Internet.

De même, faire la démonstration d’un Facebook XXL (ou on peut clairement taper sur les icônes avec les poings vu leur taille) alors qu’on prône une expérience web inédite sur 10 pouces (et qu’on peut donc accéder au site Facebook standard) me semble inadéquate.

L’absence de Flash Player, même si elle peut s’expliquer stratégiquement parlant (intégrer Flash peut sonner le glas de l’AppStore pour les jeux) ne peut plus s’expliquer comme à l’époque d’un iPhone (où l’argument principal était le manque de ressources).

La tablette fait 10 pouces, elle a la puissance pour décoder du Flash, le fait de ne pas l’intégrer coupe l’accès notamment à tous les sites de partages vidéo (YouTube, même une application est dédiée, Dailymotion, etc.) mais également à tous les concurrents indirects de l’iTunes Store (Hulu, mais aussi Deezer notamment). Vous avez dit divertissements ?

Ce que je retiendrais, c’est que cette tablette va prendre de l’intérêt uniquement quand les développeurs proposeront des applications adaptées à elle (et pas à l’iPhone). Quand ils commenceront à penser leurs applications pour un écran multitouch de 10 pouces, l’expérience deviendra sensiblement différente à celle d’un iPhone.

Cette différenciation est importante. Aujourd’hui, quel est l’intérêt de l’iPad pour un possesseur d’iPhone ? Il n’y en pas qui sorte du marché de niche. Mais la force des développeurs sur cette plate-forme pourra faire en sorte qu’un iPad fade devienne un iPad attrayant.

Concernant notre positionnement chez eviGroup, il reste le même à savoir : proposer une tablette à prix attractif qui soit performante et utilisable dans son travail. Nous ne visons pas spécifiquement le marché du divertissement.

Apple vise ce marché, ils l’ont bien montré lors de la keynote avec les entrées en scène de Gameloft et Electronic Arts. Nous visons un marché professionnel, et avons une légitimité dans les progiciels. Nous accompagnons nos clients pour adapter le Pad à leurs contraintes.

Le marché B2C n’est clairement pas notre priorité. De ce fait, je ne m’inquiète pas pour notre avenir : on pourrait comparer le Pad et l’iPad de la même manière qu’on compare un iPhone et un BlackBerry. L’iPhone n’a pas tué BlackBerry. Bien au contraire. Des pros qui ne savaient pas ce qu’était un smartphone ont vu l’iPhone puis se sont intéressés à la concurrence et ont vu le BlackBerry.

Depuis la keynote de Steve Jobs, on observe le même phénomène : beaucoup s’attendaient apparemment à une tablette plus proche d’un Macbook que d’un iPhone et semblent avoir été déçus. Depuis, nous avons un flot continu d’e-mails, notamment des Etats-Unis, de personnes désireuses d’acquérir un eviGroup Pad, plus à même de répondre à leur besoin d’applications spécifiques.

En clair, l’iPad ouvre un segment dans le milieu tablette que l’on pourrait qualifier de « Smartphone XXL » tandis que le Pad reste dans le segment des « TabletPC », c’est-à-dire des tablettes ayant des capacités d’ordinateurs classiques.

A chacun de trouver l’utilisation de sa tablette avant de choisir son modèle. »

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