La cloche avait sonné à Wall Street quand une conférence de presse tenue depuis Cupertino par Steve Jobs et Fred Anderson, le directeur financier d’Apple, a débuté. Mais sur l’Instinet, où les échanges se poursuivent après la fermeture, l’action s’échangeait encore, passant de 17 à 13,5 dollars pour se stabiliser à plus de 14. Ce contrecoup annonçait un mercredi 6 décembre agité des commentaires d’analystes s’évertuant à éclaircir les quelques informations lâchées par les deux dirigeants durant la conférence.
Comme les deux dirigeants l’avaient déjà annoncé lors de leur conférence du 18 octobre 2000 (voir édition du 19 octobre 2000), les ventes ne se portent pas bien durant cette période des vacances américaines. Des pertes importantes seraient même à envisager (entre 1,6 et 1,8 milliard de francs avant prise en compte des revenus d’investissements) sur les 7,45 milliards de francs de chiffre d’affaires que devrait réaliser la firme ce trimestre. L’analyse de Fred Anderson confirme la tendance ressentie chez d’autres fabricants d’ordinateurs : « Il est devenu de plus en plus apparent que le marché des ordinateurs personnels s’est ralenti bien plus que dans nos prévisions initiales », a-t-il indiqué, confirmant par la même occasion un stock de 11 semaines d’invendus courant sur les mois d’octobre et de novembre.
Deux problèmes à l’origine du troisième
Mais des trois problèmes rencontrés par la firme, le ralentissement des ventes est plus vraisemblablement dû aux deux autres : d’une part le ralentissement économique qui touche les Etats-Unis et de nombreuses zones géographiques à travers le monde, et dont les répercussions ne se focalisent pas seulement sur cette industrie, d’autre part les choix stratégiques et technologiques des dirigeants d’Apple. Au coeur du débat, deux technologies émergent : le fossé de la vitesse perçue (les plus puissants Mac ont une vitesse apparente de 500 MHz quand les machines fonctionnant sous x86 ont dépassé le gigahertz au printemps) et l’inexistence de graveurs de CD réinscriptibles embarqués dès l’usine dans les Mac.
Enfin, le choix d’un renouvellement de l’équipe de vente au secteur de l’éducation en plein milieu de la saison des achats de matériels des établissements est évidemment une erreur stratégique des plus importantes. Dell en a profité pour passer devant Apple sur le segment des établissements secondaires (voir édition du 23 octobre 2000). « Nous n’aimons pas cela », a commenté Steve Jobs. « Dell n’a pas gagné, nous avons perdu. Nous sommes encore à nous remettre de la ‘gamelle’ que nous nous sommes infligée en changeant nos équipes en plein mois de juillet… Nous planifions un retour très fort dès le début de la prochaine saison d’achat du secteur de l’éducation, au printemps. »L’arrivée de MacOS X pourrait débloquer les ventes
Enfin, avec 100 000 exemplaires de MacOS X bêta publique vendus, Steve Jobs indique aussi bien implicitement qu’explicitement qu’un report d’achat de systèmes s’est opéré. Des clients attendent la version finale du nouvel OS pour s’équiper. S’il fallait résumer, on serait bien en peine de retrouver au final les talents du visionnaire Jobs dans ces aveux : manque d’anticipation, de discernement et de préparation. Si l’apparence de la Pomme prend des couleurs et va bien au teint, il ne s’agirait pas qu’elle perde de sa saveur…
Pour en savoir plus :
La conférence sur le site d’Apple pendant 7 jours (en anglais)
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