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France Télécom veut imposer ‘ses’ modems ADSL

L’ADSL, c’est compliqué et le dégroupage, on l’a bien compris, ce n’est pas pour aujourd’hui (voir édition du 2 janvier 2001). En attendant l’arrivée d’autres opérateurs, il faut passer par l’offre Netissimo de France Télécom pour bénéficier du haut débit par les lignes téléphoniques. Il y a bien Mangoosta qui propose une offre avec facturation unique (voir édition du 4 octobre 2000), mais pour l’instant les lignes téléphoniques sont toujours celles de France Télécom. Or que lit-on sur un « avertissement » en ligne sur le site Netissimo de l’opérateur ? « L’utilisation de modems ADSL non validés par France Télécom peut éventuellement perturber le fonctionnement du réseau ADSL de France Télécom et de par son caractère illégal pourrait amener à des poursuites en justice. » Et juste en dessous, bien en gras : « Il est donc impératif de n’utiliser que les modems indiqués par France Télécom. » Mais pourquoi donc ? L’opérateur historique l’explique plus haut : « France Télécom a sélectionné et validé des fournisseurs de DSLAM [armoires de modems ADSL installées dans les locaux de France Télécom, Ndlr] et de modems clients : Alcatel et ECI Telecom. » Effectivement, si l’équipement du central téléphonique qui vous dessert est de marque ECI, il faut avoir un modem ECI, si c’est un Alcatel, il faut avoir un modem Alcatel, sinon cela ne fonctionne pas (voir édition du 23 novembre 2000).

Des modems conformes mais pas certifiés

Pourtant, ces deux marques ne sont pas les seules sur le marché. D’autres fabricants commercialisent des modems, dont certains fonctionnent même à la fois avec les DSLAM ECI et Alcatel. C’est le cas, par exemple, de BeWan ou Olitec, qui espèrent bien profiter du boum du haut-débit. Seulement voilà, France Télécom ne veut pas qu’ils soient utilisés, même si selon leurs constructeurs et leurs utilisateurs, ces modems fonctionnent parfaitement. Contactés par téléphone, ces deux constructeurs concurrents se sont montrés très prudents face à nos questions. France Télécom ferait-il peur ?

Pourtant, tous les modems ADSL, sans exception, sont testés sur les installations de France Télécom, dans un laboratoire qui rassemble toutes les configurations déployées en France. Une salle de test « louée » aux constructeurs qui permet des validations par les constructeurs. Le personnel France Télécom de la plate-forme teste lui aussi le matériel. Malgré cela, aucune homologation n’est délivrée à la sortie. Au contraire des modems RTC classiques V90. ADSL, le grand flou ?

Pour (un peu) mieux comprendre, il faut faire un peu d’histoire. Lors des premières installations ADSL de France Télécom, les centraux ont été équipés en matériel Alcatel et ECI. Depuis, un appel d’offre a été passé par l’opérateur historique, puisqu’il existe en effet d’autres sociétés qui proposent le même type de matériel. Ces sociétés commercialisent d’ailleurs leurs produits dans de nombreux pays équipés ADSL. A l’issue de cet appel d’offre n’ont été retenus que les équipements Alcatel et ECI. Deux explications sont possibles : soit les autres étaient mauvais, soit l’appel d’offre n’était là que pour calmer le jeu. Au choix.

Un avertissement illégal ?

Aujourd’hui, alors que les modems ADSL sont en vente libre, on a du mal à comprendre comment France Télécom peut se permettre d’imposer les modems d’ECI et d’Alcatel. Surtout, on se demande si l’« illégalité » dont il est question dans l’avertissement est fondée ou est elle-même illégale ! Une solution pour les autres marques serait de collaborer directement avec les fabricants de DSLAM utilisés par France Télécom qui pourraient alors vérifier la compatibilité de leurs équipements avec les modems ADSL des constructeurs. Mais comme ECI et Alcatel fournissent eux-mêmes des modems, ce sont des concurrents directs. Dommage. De même, ces fabricants de modems ADSL sont forcés de travailler en étroite collaboration avec France Télécom, leur marge de manoeuvre est donc très limitée.

A l’heure à laquelle nous rédigeons ces lignes, France Télécom ne nous a pas apporté les précisions que nous aurions souhaité. Patience, cela ne devrait pas tarder. A moins que la réponse ne nous vienne de l’ART.

Voir aussi notre dossier : Le parcours du combattant de l’abonné ADSL

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