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Le filtrage des sites Internet en question

« Aucun logiciel de filtrage ne parvient à différencier de manière efficace un discours conforme à la Constitution [américaine, Ndlr] d’un discours illicite tenu sur Internet », peut-on lire sur un communiqué de l’Association américaine des bibliothèques (Ala). « Même la commission fédérale chargée d’étudier la sécurité des enfants sur Internet a conclu que les filtres ne sont pas efficaces pour bloquer tous les contenus que certains pourraient trouver répréhensibles, ils empêchent même d’accéder à de nombreuses informations utiles et protégées par la Constitution », soutient le texte. Les membres de l’Ala indiquent qu’ils vont porter plainte contre le gouvernement, conjointement avec l’American civil liberties union (Aclu), pour empêcher l’application du Children’s Internet protection act (Cipa). Le texte, adopté en décembre dernier dans le cadre d’un projet de loi de finance, répartit quelque 109 milliards de dollars entre les acteurs de l’éducation et de la santé.

L’Ala a rejoint des associations de défense de la liberté d’expression, parmi lesquelles on compte l’American civil liberties union (Aclu), l’Electronic privacy information center (Epic) ou encore l’Electronic frontier foundation (EFF). Toutes se battent contre l’application de la loi prévue le 20 avril prochain. En cause, un chapitre du Cipa qui impose aux bibliothèques publiques d’installer des filtres pour empêcher l’accès à des images obscènes, pédophiles ou « nuisibles aux mineurs » ; les textes ne sont pas concernés. Celles qui ne s’y soumettraient pas ne recevraient pas les aides financières auxquelles elles ont normalement droit. L’Ala et l’Aclu ont prévu de s’opposer au Cipa qu’ils considèrent contraire au premier amendement de la Constitution américaine qui défend la liberté d’expression. Les opposants au filtrage s’appuient sur des études qui mettent en avant les erreurs des filtres. Ces derniers bloquent parfois l’accès à des contenus tout à fait licites et au contraire n’empêchent pas toujours d’accéder à des pages Internet sexuellement explicites.

Le filtrage très peu répandu en France

En France, l’installation de filtres dans les bibliothèques n’est pas obligatoire. « Il n’existe pas de directive, pas de circulaire, ce n’est même pas dans l’air », explique la direction du livre et de la lecture du ministère de la Culture, chargée des bibliothèques publiques. « L’accès à Internet est une offre documentaire au même titre que l’offre sur le papier. C’est à la discrétion des directeurs d’établissement. » Dans la pratique, très peu d’établissements français ont installé des systèmes de filtrage. « La consultation d’Internet dans les bibliothèques connectées se fait au vu et su de tout le monde », souligne Marie-Dominique Charbonnier, chargée de la commission de travail « Internet » au sein de l’ADDNB (Association pour le développement des documents numériques en bibliothèque), « il est extrêmement rare que les gens surfent sur des sites pornos », constate-t-elle.

« On prévient les gens en leur demandant de ne pas consulter de sites comme les sites révisionnistes par exemple », explique Marie-Dominique Charbonnier qui ajoute tout de même que « certaines bibliothèques ont adopté un système restreignant la navigation à une sélection de sites. En général, elles le déverrouillent sur demande. On trouve cette solution dans les sections jeunesse et si ce n’est pas le cas, un adulte est avec les enfants. » Même discours du côté de l’Association des bibliothécaires français (ABF). Pierre-Yves Duchemin, de la commission « veille technologique », souligne que les bibliothèques font confiance aux gens : « Le seul blocage efficace est de limiter l’accès à des sites prédéterminés qui sont inclus dans le catalogue. Sinon, il y a toujours des petits malins qui arrivent à contourner les filtres. » A-t-il déjà eu connaissance de personnes ayant consulté des sites peu recommandables ? « Ça a dû arriver une ou deux fois, mais c’est vraiment anecdotique », affirme-t-il. Même si les avis sont partagés, dans l’ensemble, les bibliothécaires sont opposés au filtrage, « trop dur », estime Pierre-Yves Duchemin qui regrette que les filtres interdisent parfois l’accès à des sites tout à fait licites. A l’ADDNB, on planche sur l’établissement d’une charte de l’utilisation d’Internet, que chacun lira forcément un peu à sa manière. « Conforme aux bonnes moeurs, ça veut dire quoi ? », s’interroge Marie-Dominique Charbonnier, « la notion reste de toute façon floue. »

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