Après le « pay per view », Microsoft invente le « pay per use ». L’éditeur réfléchit en effet à un nouveau système de licence pour ses logiciels qui rappelle celui existant pour la vidéo. Aujourd’hui, les licences de Microsoft tiennent compte du nombre de personnes qui peuvent se connecter au serveur sur lequel est installée l’application. La difficulté vient de ce que les acheteurs doivent anticiper le nombre d’utilisateurs. Or, avec le déploiement des technologies Intranet et Internet, ce nombre peut varier très rapidement.
Microsoft a donc décidé de lancer un projet pilote avec un fournisseur d’accès américain pour essayer une nouvelle formule. L’expérimentation prévoit une facturation de la suite BackOffice s’appuyant sur le nombre de serveurs utilisés et sur le degré de sollicitation des serveurs. Avec ce système, on ne facture plus le nombre d’utilisateurs qui est en théorie illimité mais la « charge d’utilisation ».
Concrètement, cela autorise l’éditeur ?éventuellement en partenariat avec le fournisseur d’accès- à louer des applications via Internet. Le loyer sera d’autant plus élevé que les logiciels seront utilisés. Microsoft introduit pour cela des compteurs dans ses logiciels pour facturer l’utilisation en fonction de la demande. Selon Phil Cross, responsable marketing des systèmes pour entreprises de Microsoft UK, « la société évalue actuellement si le modèle est applicable à SQL Server, Microsoft Exchange, SMS et Windows NT ».
Cette réflexion arrive en droite ligne des changements effectués par Microsoft le mois dernier dans l’attribution des licences Windows Terminal Server. Oracle se concerte de la même manière avec ses clients afin de proposer une tarification plus souple, détachée de la notion d’utilisateur.
Pour Rob Hailstone, directeur de recherche au cabinet d’études Bloor Research, la modification du système de licence des grands éditeurs est inévitable. Selon lui, « l’amélioration de la technologie conduit à de nouveaux modes d’utilisation et les vieux modèles de facturation ne sont plus adaptés ». Néanmoins, il pense qu’il faudra encore du temps avant que des applications complètes puissent être « louées » sur l’Internet.
Les problèmes rencontrés pour l’adoption de ce modèle ne seront certainement pas d’ordre technologique mais psychologique. Certaines sociétés se disent en effet sceptiques sur ce mode de diffusion à cause des problèmes de sécurité sur Internet. Elles ne se sentent pas encore prêtes à utiliser des logiciels hébergés sur un site Web pour gérer les données vitales de leur activité.
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