Pour gérer vos consentements :
Categories: Mobilité

Procès antitrust : au tour de Microsoft d’être entendu

Après quatre semaines de procès, les audiences des témoins cités par le district de Columbia et des neufs Etats, sur dix-huit, qui avaient refusé de signer un accord avec Microsoft, ont pris fin jeudi 11 avril avec le témoignage de Carl Shapiro. Ce professeur d’économie de l’université de Berkeley soutient trois propositions faites par les Etats « résistants » pour rétablir la concurrence en matière de plate-forme d’exploitation pour ordinateurs de bureau, essentiellement. La première imposerait à la firme de Bill Gates de vendre les licences Office aux enchères afin de pouvoir exploiter la suite bureautique sur des plates-formes concurrentes. La seconde proposition serait d’obliger l’éditeur de Redmond à fournir le code source des API (Application Programming Interfaces) afin de permettre aux développeurs de fournir des produits parfaitement compatibles avec Windows. La troisième proposition consiste à ne plus autoriser Microsoft à restreindre par voie de licence l’installation de middlewares (qui concernent les navigateurs, clients e-mail, messagerie, lecteurs média, etc.) autres que ceux de l’éditeur.

Quinzième et dernier témoin, Carl Shapiro a succédé aux pointures de chez Sun, AOL, Novell, RealNetworks, Gateway ou encore Red Hat. Globalement, chacun à sa manière a tenté de mettre en avant les dangers qui résultent de l’intégration d’Internet Explorer au système d’exploitation. Selon les détracteurs, ce couple permettrait à Microsoft d’étendre son monopole sur les postes clients à tout le réseau Internet. En effet, en faisant d’IE un navigateur incontournable, Microsoft impose ses propres technologies aux serveurs. Pour peu que les sources des technologies en question ne soient pas disponibles, les prestataires se voient obligés de se plier aux « standards » du géant de Redmond en consommant les produits Microsoft, seuls garants (en théorie) de la parfaite compatibilité des plates-formes. Cette même logique de piège s’impose aux lecteurs de médias audiovisuels, ainsi qu’à la plate-forme de services Web .Net et au système d’authentification Passport. Un scénario qui, à terme, conduirait Microsoft à décider des technologies du Net et à les imposer sur les marchés du service, du commerce en ligne, de la distribution de musique et de films, sur Internet comme sur les téléphones mobiles ou les PDA. Schématiquement résumé, c’est le portrait que les neuf Etats ont voulu dresser de la position monopolistique de Microsoft à la juge Collen Kollar-Kotelly à travers les dires des témoins.

Pour un Windows « en kit »

Outre les enjeux commerciaux – et, à terme, de société – évoqués, des interventions plus techniques ont également été nécessaires pour définir les limites éventuelles à ne pas dépasser pour ne pas retirer son intérêt à Windows. Mais selon Andrew Appel, professeur de l’université de Princeton qui a témoigné le 10 avril, a confirmé que les middlewares (à savoir IE, Windows Media Player, Messenger…) pouvaient parfaitement être livrés indépendamment de l’OS Windows sans « casser » celui-ci. Point de vue que ne partagent évidemment pas les avocats de Microsoft.

Si les neufs Etats dissidents ont réussi à faire prendre en compte l’aspect technologique de la question et à faire comprendre les risques d’un monopole technologique à la juge, les plaignants n’ont en revanche pas réussi à convaincre que les mesures à imposer sont une bonne solution. A juste titre, la juge s’interroge sur les avantages que ces mesures accorderaient aux concurrents les plus directs comme AOL et Sun. Il est vrai que déshabiller Pierre pour habiller Paul ne ferait que déplacer le problème sans le résoudre.

La juge Kolleen Kollar-Kotelly va donc entendre, à partir de cette semaine, les témoins de Microsoft. Ceux-ci s’emploieront probablement à démonter les arguments de la partie adverse. Une trentaine de personnes sont attendues à la barre. Issus de l’industrie informatique pour la plupart, les témoins proviendront aussi des équipes dirigeantes de l’éditeur de Redmond. A commencer par l’architecte en chef Bill Gates et le PDG Steve Ballmer, même si leur intervention n’est pas confirmée. Autre star de l’industrie, Jerry Sanders, le PDG d’AMD, pourrait ouvrir le bal de cette seconde partie des audiences dès mardi 16 avril. A travers ces témoignages, les avocats de Microsoft s’appliqueront à démontrer que l’accord passé en novembre dernier avec les neuf autres Etats et le ministère de la Justice (DoJ) est suffisant et qu’il ne nécessite pas d’autres aménagements.

Recent Posts

Avec Phi-3-mini, Microsoft va-t-il convertir les PME à la GenAI ?

Microsoft lance Phi-3-mini, un petit modèle de langage (SLM) qui s'adresse aux entreprises ne disposant…

4 jours ago

IA et RGPD : sont-ils compatibles ?

Quelle part d’incertitude faut-il accepter dans la mise en conformité des IA avec le RGPD…

3 semaines ago

Windows 10 : quel coût pour le support étendu ?

Microsoft a dévoilé les prix des mises à jour de sécurité étendues pour Windows 10.…

4 semaines ago

Cybersécurité : la plan de Docaposte pour convaincre les PME

Docaposte a sélectionné une douzaine de spécialistes français pour créer un Pack cybersécurité spécialement étudié…

1 mois ago

Surface Pro 10 : plus autonome et un peu plus réparable

La Surface Pro 10 sera disponible le 9 avril en France. Passage en revue de…

1 mois ago

Office 2024 : ce qu’on sait de la prochaine version

Que réserve Office 2024 ? Une première version de test officielle sera disponible en avril.…

1 mois ago