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Télécoms : Free Mobile n’est pas « l’unique cause de la contraction du secteur »

Deux députées parlent d’une filière télécoms « en souffrance » dans un rapport publié dans le cadre d’une mission d’information parlementaire.

Corinne Erhel (PS, Côtes d’Armor) et Laure de la Raudière (UMP, Eure-et-Loir) viennent de présenter ce document dédié à « l’impact de la régulation des télécoms sur la filière télécoms ».

Et le paysage dépeint est sombre : secteur « sous-tension » et « chamboulé » avec des opérateurs qui chercheraient comment générer du chiffre d’affaires supplémentaire quand la tendance est à la baisse des tarifs de leurs offres.

Le rapport évoque une « destruction de valeur » avec « des relais de croissance » qui restent à déterminer. Il sera temps de redresser la barre avec les enjeux des réseaux nouvelle génération : fibre optique et 4G.

Ce qui correspond à  un cycle d’investissement intense mais « qu’il faudra ré-équilibrer en satisfaisant entre l’intérêt du consommateur, mais aussi la préservation des capacités d’investissement, la sauvegarde de l’emploi et l’innovation. »

Que ce soit du côté des opérateurs réseaux (Orange-France Télécom, SFR, Bouygues Telecom et Free Mobile) mais également les opérateurs de réseau mobile virtuels (dit MVNO).

Au niveau européen, le marché est très fragmenté avec une vaste bataille de 128 opérateurs. Ce n’est guère évoqué dans le rapport mais un bilan critique de la régulation télécoms au niveau européen nécessiterait un focus en parallèle.

La concurrence s’est intensifiée avec l’arrivée de Free Mobile. Et le ramdam provoqué dans le secteur se transforme en menaces sur l’emploi (c’est du moins palpable chez SFR et Bouygues Telecom).

En lançant son offre agressive en  illimitée à 19,99 euros, Free a « véritablement bouleversé le marché », estiment les rapporteures. « La baisse des prix s’est muée en chute, de sorte que les prix pratiqués aujourd’hui en France sont les plus bas d’Europe. »

Néanmoins, il faut éviter de transformer Free Mobile en bouc émissaire commode.

Son arrivée sur le marché mobile ne constitue pas « l’unique cause de la contraction du secteur ». Même s’il apparaît comme le quatrième opérateur, qui a pris une part de marché de 5% en un an et qui a « pris de court un certain nombre d’acteurs ».

« Positif pour le consommateur, qui ne s’est jamais vu proposer des prix aussi bas, ce choc emporte en revanche un effet négatif pour le secteur », estiment Corinne Erhel et Laure de la Raudière.

« Sans juger de la décision relative à l’attribution d’une quatrième licence mobile, les rapporteures estiment que sa mise en oeuvre n’a pas été satisfaisante, et qu’elle est en partie responsable de la crispation du secteur. »

Quant aux équipementiers télécoms symbolisés par la situation précaire d’Alcatel-Lucent, ils seraient tout aussi chahutés en raison de la concurrence « venue d’ailleurs » (en particulier les industriels chinois comme Huawei ou ZTE), des pertes d’emplois et de parts de marchés qui s’effilochent.

Cela explique en partie les raisons du départ de Ben Verwaayen de la direction d’Alcatel-Lucent confirmée aujourd’hui.

Les entreprises historiques (Cisco, Nokia Siemens Networks, Alcatel-Lucent, Ericsson) n’ont pas le choix : « Ils ne peuvent s’aligner qu’en diminuant leurs marges à l’extrême. »

Et cela passe aussi par des mesures drastiques de restructuration : 17 000 suppressions de postes chez NSN (un quart des effectifs), 5490 chez Alcatel-Lucent (dont 1430 en France), 1500 salariés chez Ericsson.

Plus proche de nous, le cas d’Alcatel-Lucent est scruté avec une grande attention. Au-delà du contexte économique morose et de concurrence vivace, les deux députés pointent du doigt des errements.

« On peut citer, par exemple, l’arrêt en 2007 de la coentreprise constituée avec Draka et spécialisée dans la production de fibre optique – le groupe Alcatel- Lucent se trouve aujourd’hui dans une situation économique particulièrement difficile. »

Alors que Huawei est désormais en mesure de fournir des produits reconnus sur les différentes technologies d’accès fixe (Fibre à domicile ou FTTH notamment), remettant ainsi en cause la suprématie d’Alcatel dans les équipements fixes.

Sur le volet des centres d’appels, la situation devient aussi inquiétante. « Les centres d’appel ont toujours connu une croissance à deux chiffres jusqu’en 2008, l’activité s’est stabilisée en 2011, tandis qu’elle sera en repli en 2013 », peut-on lire dans le rapport.

Corinne Erhel et Laure de la Raudière ont également émis des pistes de réflexion pour « soulager » le secteur.

Elles se sont attelés à fournir une série de propositions visant à structurer la filière, ouvrir des pistes pour générer à nouveau de la valeur ajoutée chez les opérateurs et améliorer le cadre de la régulation télécoms en France.

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Free Mobile

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