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MacWorld New York : le milieu du gué pour Apple ?

Difficile contexte pour Apple : la firme se retrouve coincée entre une conjoncture économique difficile, un reliquat de choix stratégiques des prédécesseurs de l’équipe de direction de Steve Jobs et la phase de transition périlleuse de son logiciel d’exploitation. Ces trois forces, qui impactent fortement la société, génèrent des goulets d’étranglement difficiles à surmonter. Le ralentissement économique joue bien sûr mécaniquement sur les ventes. Mais au-delà, les décisions stratégiques de la direction d’Apple influencent aussi ses résultats. L’immaturité initiale de Mac OS X, le déficit d’applications, une communication irrégulière, l’hétérogénéité du réseau de vente, le positionnement des gammes de Mac et le retard supposé des machines professionnelles pèsent-ils sur ses performances ? Questions posées à Jean-René Cazeneuve, Directeur Général d’Apple France.

VNUnet : Y a-t-il eu de la part d’Apple une volonté de ne pas mettre en avant Mac OS X en raison de son immaturité ? Votre partenaire Microsoft, notamment, vous le reproche en soulignant le déficit de communication d’Apple sur ce produit. Et plus généralement, votre société ne se trouve-t-elle pas confrontée à une insuffisance d’applications chez vos revendeurs ?

Jean-René Cazeneuve : Si c’était vrai avec les versions précédentes, MacWorld tourne définitivement la page de l’immaturité de notre nouveau système d’exploitation : Jaguar (voir édition du 18 juillet 2002), ou Mac OS X version 10.2, ainsi que nous l’appellerons en Europe, est une version plus rapide, plus utilisable, plus productive de notre OS. Elle sera disponible fin août et répond aux demandes de nos clients. Vous ne vous rendez sans doute pas compte de l’attrait qu’elle exerce auprès des développeurs, surtout ceux venant des mondes Unix et Linux. Chaque jour qui passe, de nouveaux programmeurs rejoignent notre plate-forme, ce qui augmente les chances de disposer de logiciels et d’applications lui étant destinés. Nous connaissons une très forte croissance du nombre de logiciels disponibles pour Mac OS X, et le temps joue pour nous. Ces éléments combinés vont accélérer notre business. Quant à la présence de logiciels pour Mac dans les réseaux de vente de nos partenaires, il ne faut pas se leurrer : si le rayon Mac est effectivement bien moins important que celui pour PC, vérifiez bien dans ces linéaires la compatibilité des logiciels. Vous serez surpris de constater qu’une bonne partie des logiciels vendus sur les linéaires des rayons PC sont compatibles Mac (c’est notamment vrai en ce qui concerne les titres éducatifs et les jeux pour les tout-petits, Ndlr). Enfin, pour répondre plus précisément sur les remarques de Microsoft, vous aurez sans doute noté que les critiques formulées par le patron de la MacBU dans le Wall Street Journal (voir édition du 16 juillet 2002) ont été modulées depuis. Mais c’est de bonne guerre qu’ils nous mettent un peu de pression, après tout, quand on annonce qu’on veut faire passer des utilisateurs PC au Mac, on peut s’attendre à ce type de réaction. Regardez quand même les promotions que nous avons réalisées ici en France avec Microsoft et vous constaterez que nous avons entrepris beaucoup de choses ensemble. Nous sommes des partenaires et c’est notre intérêt commun de collaborer.

Vnunet : Les clients d’Apple se plaignent du différentiel de prix important entre les USA et l’Europe. Et avant la mise à jour des prix à l’occasion de MacWorld, on notait effectivement une différence de 20 % sur les prix hors taxes des machines d’une rive à l’autre de l’Atlantique. La parité dollar/euro ne devrait-elle pas lisser ces différences ?

Jean-René Cazeneuve : Il faut bien comprendre le mécanisme de la formation de prix en Europe : le marché de l’informatique, comme beaucoup d’autres, se traite en dollars. Nous sommes donc handicapés par de perpétuels allers-retours en termes de change. Nous achetons les machines aux Etats-Unis en dollars, elles viennent des sites de production répartis dans le monde entier et nous les revendons en Europe en euros. Vous remarquerez à ce sujet l’énorme effort de transparence et d’homogénéité sur les prix que nous avons réalisé : il y a un prix hors taxes européen unique. Nos concurrents ne peuvent pas en dire autant. Enfin, nous consolidons nos ventes au niveau mondial en dollars. Il y a donc pour Apple un énorme risque de change. Mais vous noterez que nous modifions les prix régulièrement en tenant compte de la fluctuation des coûts de composants. Enfin, les modifications de prix que nous venons de réaliser offrent à nouveau un excellent rapport entre la valeur de notre offre et sa tarification. L’iMac G3 est désormais offert en dessous de 1 000 euros TTC, l’eMac en dessous de 1 450 et l’iMac G4 en dessous de 1950 euros TTC. Nous sommes aujourd’hui à un niveau de prix raisonnable compte tenu de la valeur de nos produits. Les logiciels que nous avons introduits à MacWorld enrichissent cette proposition.

Vnunet : Le réseau de vente européen n’est-il pas trop hétérogène en termes de connaissance du marché du Mac ? La reproduction du modèle de distribution Apple par le biais de magasins n’est-elle pas à l’ordre du jour ?

Jean-René Cazeneuve : Nous disposons d’un réseau de vente que nous formons au passage à Mac OS X. Nos réseaux de revendeurs connaissent ce dont ils parlent. Quant à la mise en place d’un réseau de vente siglé Apple, ce n’est pas à l’ordre du jour actuellement. La raison en est simple : nous voulons d’abord tirer parti des informations issues de la mise en place des Apple Stores aux USA. Mais vous savez, ce type de réseau de vente est une énorme machine : les coûts associés sont importants et il ne sera pas possible de faire d’économies d’échelle en raison des différences de langues entre les différents pays de l’Union. Donc, pour l’instant, nous n’ouvrirons pas de réseau de distribution.

Vnunet : N’y a-t-il pas un mauvais positionnement des Mac les uns par rapport aux autres ? L’iBook 14 pouces ne vient-il pas cannibaliser les ventes de PowerBook ?

Jean-René Cazeneuve : Je ne suis pas d’accord avec vous : iBook et PowerBook sont bien positionnés. Quant aux autres machines, elles s’adressent aux cibles que nous leur vouons. L’iMac G3 ou « classique » est nécessaire, par exemple, pour nous permettre de disposer d’une offre bureautique et éducation. L’eMac est positionné comme station bureautique à tout faire. Bon, vous pensez peut-être que le PowerMac est vieillissant, mais vous savez, nous n’avons pas arrêté d’introduire de nouvelles machines depuis le début de l’année : l’iMac G4, l’eMac, le Xserve, la mise à jour des iBook et PowerBook, la mise à jour des PowerMac en début d’année… Nous renouvelons régulièrement nos gammes, le renouvellement du PowerMac interviendra donc un jour.

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