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Objets connectés : marché et écosystème émergents à façonner en France

C’est une coïncidence mais le timing était parfait. Jeudi soir, Netatmo, spécialistes des objets connectés à la maison, annonçait une levée de fonds record de 30 millions d’euros.

Le lendemain matin, le groupe de travail  « Objets connectés » du MEDEF invitait un panel de professionnels et d’observateurs pour évoquer les enjeux de ce segment IoT prometteur pour la France.

Marché, technologie, innovation, industrie, distribution…On avait le choix.

Raphaël Berger, directeur du pôle média et numérique de l’IFOP, dresse un « état de l’art » à travers une retranscription synthétique d’une étude sur la perception des Français vis-à-vis des objets connectés.

En réponse instantanée, cela fait globalement tilt dans la tête de nos concitoyens. Même si l’institut d’études ressent une « compréhension incomplète des objets connectés ».

Le cercle des produits connectés restent limité : santé-bien être, domotique, électroménager… »C’est un marché émergent à soutenir. Le niveau reste très faible », commente Raphaël Berger.

De source GfK, 640 000 objets connectés ont été écoulés en 2014 en France, ce qui représente un marché de 150 millions d’euros. On est encore loin de la vue prospective des 2 milliards d’objets connectés à l’horizon 2020…

Alors on attend quoi ? Raphaël Berger a identifié deux freins principaux : « le prix » (fort) ou « l’absence de besoin » (sous-entendu : où est la valeur ajoutée ?). La question de la protection des données est considérée comme « un faux problème si le contrat est clair et les mesures de sécurité sont bien expliquées ».

Olivier Ezratty, expert en stratégies et tendances numériques, relativise l’essor des objets connectés. « Il n’existe pas », déclare-t-il un brin provocateur. Dans le sens où l’on baigne déjà dans les produits connectés. « Le smartphone avec une douzaine de capteurs en moyenne est le plus universel. »

Il faut donc distinguer ce qui constitue vraiment l’innovation et les couches connectées que l’on rajoute sur les produits traditionnels. Il faudra bien aussi différencier les approches : jouer sur le marketing émotionnel pour le grand public et se montrer rationnel pour les entreprises.

Vu de France, il faut avouer que l’on « encore dans la Préhistoire ». Les problématiques e-santé ou de ville connectée commencent à être soulevées. Mais les « capteurs métriques restent encore à l’âge de la pierre. »

Pourtant, on a des atouts en France avec la firme de semi-conducteurs STMicroelectronics. Mais aussi des compétences en logiciel (intelligence artificielle) ou design pour les produits hardware.

A travers la Cité de l’Objet Connecté d’Angers qui a signé une convention avec le MEDEF autour de 5 axes de collaboration, Thierry Sachot cherche justement à fédérer tout cet écosystème et dépasser les silos.

Inauguré en juin, ce complexe numérique dédié à l’Internet des objets (Iot) comporte trois espaces dont deux opérationnels : un fablab pour les idées (abonnement : 300 euros par mois) et un circuit de conception de pré-séries de produits (avec des vraies machines industrielles permettant d’atteindre 2000 unité).

Prochaine étape en 2017 : la production. « Le cœur de l’offre de la Cité est industrielle mais les porteurs de projets arrivent avec plus ou moins de maturité » constate Thierry Sachot.

IoT : quelles tendances dans l’électricité, l’e-santé, les réseaux télécoms…

Le cercle des intervenants à cette matinale numérique du MEDEF s’élargit avec une table ronde à quatre invités.

A travers le programme Eliot, le groupe industriel Legrand (infrastructures électriques & numériques du bâtiment) veut accélérer le déploiement de l’Internet des Objets dans son offre.

Jérôme Boissou, responsable marketing du programme Eliot, en rappelle ses trois piliers : développement de solutions et produits connectés avec une signature Eliot, établissement d’infrastructures électriques et numériques compatibles, et dimension d’interopérabilité.

Legrand vient de se distinguer en s’impliquant dans la super levée de fonds de Netatmo. « On a besoin de faire de la co-innovation », estime Jérôme Boissou. D’autres partenariats IoT ont été établis avec Docapost (filiale numérique de La Poste) et Nest (branche IoT de Google).

Au nom de Philips Healthcare, Nicolas Reymond, Directeur Veille Stratégique et Innovation, considère que le challenge dans les domaines « santé & bien-être » est de savoir comment connecter l’ensemble des étapes pour aident les médecins et les patients à diagnostiquer, traiter et gérer un grand nombre des maladies.

Car « l’un des leviers au déploiement de la e-santé : c’est probablement le patient lui-même. » Tout en précisant les limites de l’approche quantify-self : « Il ne faut pas remplacer les professionnels de santé. »

Au nom de Cisco France, le secrétaire général Frédéric Géraud de Lescazes rappelle l’implication de son groupe dans IoE, une variante IoT pour signifier « Internet of Everythings » (50 milliards d’objets en 2020 !).

« Les objets connectés, c’est bien mais il faut aussi raffiner les données (big data) pour travailler d’une manière nouvelle, créer de la valeur et faire émerger de nouvelles compétence. »

Le représentant de Cisco poursuit : « Cette conduite du changement prend du temps (…) Va-t-on avancer en silos par grandes thématiques ou créer une plateforme commune avec des données venues de tous horizons ? »

John Chambers, patron de Cisco, est tombé amoureux de la France qui affiche de véritables ambitions dans le numérique. Un partenariat spécifique a été enclenché récemment.

Mais cette conversion de ce charismatique boss à la French Tech est récente. Le relent de patriotisme économique au niveau du plan industriel de l’ex-ministre de l’Economie Arnaud Montebourg avait ralenti les ardeurs de l’américain Cisco mais « le gouvernement actuel est plus ouvert ».

Frédéric Géraud de Lescazes rappelle que les deux protocoles influents dans l’IoT (celui de Sigfox et celui de l’alliance LoRa) sont deux technologies d’origine française. « Ils sont capables de bouffer le monde », assure le secrétaire général de Cisco France.

A l’autre extrémité du réseau, quid de l’utilisateur final ? Darty, dont le rapprochement avec la FNAC se confirme, s’en charge.

En matière de distribution des objets connectés, Vincent Gufflet, Directeur des services de l’enseigne réputée pour son « contrat de confiance » destiné au client, énumère 4 challenges pour favoriser l’adoption des objets connectés :
– « créer des points de contacts clients pour démontrer la valeur d’usage » (un volet trop souvent négligé, estime Vincent Gufflet : « Beaucoup de constructeurs survalorisent leurs produits et les usages clients »);
– l’installation des objets connectés;
– comment utiliser au moins une fois le produit connecté (« ce n’est pas toujours concrétisé après l’achat », estime-t-il)
– comment créer une récurrence d’usage.

On a hâte de voir comment le duo Darty+FNAC va creuser le thème de l’IoT en mélangeant leur expertise de distribution de produits culturels, high-tech et électroménager.

(table ronde du MEDEF animé par Sabah Doudou, directeur des affaires publiques IGNES)

Autour de l’animatrice Sabah Doudou (IGNES) de gauche à droite : Vincent Gufflet (Darty), Jérôme Boissou (Legrand), Nicolas Reymond (Philips Healthcare) et Frédéric Géraud de Lescazes (Cisco)

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