Pour gérer vos consentements :

Taxation des GAFA : l’Europe des 28 divisée malgré l’impulsion française

« Je pense forcément qu’un nouveau ministre apporte son style […]. C’est ce qu’il fait déjà et c’est ce qu’il va faire de plus en plus. »

Pierre Moscovici a tenu ces propos samedi 28 avril, au deuxième jour d’une réunion de l’Ecofin, à Sofia (Bulgarie).

Le commissaire européen aux affaires économiques et monétaires faisait référence à Olaf Scholz, vice-chancelier d’Allemagne et ministre fédéral des Finances du nouveau gouvernement Merkel.

Le « style » en question avait transparu le matin même, lors de discussions sur le projet de « taxation des GAFA » présenté le mois dernier par la Commission européenne.

Bruxelles penche pour une réforme en deux temps du régime fiscal applicable aux entreprises de l’économie numérique.

La solution de long terme consiste à imposer les profits de ces sociétés là où elles ont « une interaction significative avec les utilisateurs via les canaux numériques ». En attendant sa mise en œuvre, une solution de court terme est privilégiée : taxer, à hauteur de 3 % de leurs revenus dans chaque État membre, les entreprises de cette même catégorie* qui réalisent plus de 750 millions d’euros de C.A. annuel mondial, dont au moins 50 millions dans l’UE.

Une Allemagne moins offensive

Les deux propositions législatives ont été élaborées sur la base d’une démarche commune de Paris, Rome, Madrid… et Berlin, qui semble avoir pris du recul depuis lors. La décision d’Olaf Scholz de ne pas intervenir lors des discussions avec ses homologues en amont de la conférence de presse en a témoigné.

Interpellé sur ce point, le ministre s’est contenté d’affirmer que l’Allemagne sera « très bientôt en capacité de réagir » face à ce « tout nouveau phénomène ».

D’autres pays – à l’image de Malte et du Luxembourg, où les taux d’impôt sur les sociétés comptent parmi les plus bas d’Europe, mais aussi du Royaume-Uni – ont exprimé leur scepticisme, appelant à une « réponse internationale ». Une approche partagée par le secrétaire général de l’OCDE José Ángel Gurría.

Reuters impute les réserves de l’Allemagne à la crainte que certaines entreprises soient touchées par la taxe sur le chiffre d’affaires, compliquant les relations avec les partenaires internationaux.

Tandis que la France se dit, par la voie de Bruno Le Maire, « [déterminée] à trouver un accord […] d’ici à fin 2018 au niveau européen », certains États membres ne comptent pas attendre. Illustration avec l’Espagne. Le nouveau ministre de l’Économie Ramón Escolano (ancien vice-président de la Banque européenne d’investissement) mise sur l’entrée en vigueur d’un dispositif national à l’horizon 2019.

* Dans la catégorie « numérique » entreraient les entreprises dont le modèle économique est basé sur la publicité, la revente de données personnelles ou la mise en relation de personnes (Amazon, Uber, Airbnb…).

Recent Posts

IA et RGPD : sont-ils compatibles ?

Quelle part d’incertitude faut-il accepter dans la mise en conformité des IA avec le RGPD…

2 semaines ago

Windows 10 : quel coût pour le support étendu ?

Microsoft a dévoilé les prix des mises à jour de sécurité étendues pour Windows 10.…

3 semaines ago

Cybersécurité : la plan de Docaposte pour convaincre les PME

Docaposte a sélectionné une douzaine de spécialistes français pour créer un Pack cybersécurité spécialement étudié…

4 semaines ago

Surface Pro 10 : plus autonome et un peu plus réparable

La Surface Pro 10 sera disponible le 9 avril en France. Passage en revue de…

1 mois ago

Office 2024 : ce qu’on sait de la prochaine version

Que réserve Office 2024 ? Une première version de test officielle sera disponible en avril.…

1 mois ago

Microsoft Teams : comment fonctionne le double usage « pro-perso »

Microsoft Teams évolue dans une version « unifiée » qui permet de combiner les usages…

1 mois ago