Numérisation de la formation : démocratisation ou déshumanisation ?

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Le monde change et cette évolution s’est accélérée, les métiers se transforment, disparaissent parfois, en l’espace de moins d’une génération. Non seulement l’impératif de formation est désormais incontournable, mais il a pris une dimension nouvelle : il faut former plus, plus vite, plus de monde. Donc avec une efficacité améliorée et avec des outils procurant un effet de levier plus grand.

Au service de cette ambition, il est clair que le métier de formateur, lui aussi, subit une véritable mutation.
 
Les outils de formation et d’évaluation peuvent être facteurs de maîtrise des risques, de qualité, d’économies et finalement de bien-être car la connaissance enrichit, rassure, rend plus fort et plus libre.  Les outils numériques permettent d’accompagner la formation, de gérer et de capitaliser des connaissances, de valider des savoirs, qu’ils relèvent du socle d’enseignement général ou d’une expertise métier spécifique.
 
La numérisation incontournable mais pas incontrôlable 
 
En matière de formation comme dans tous les domaines, les outils numériques suscitent autant de craintes que d’espoirs. Ils promettent d’améliorer grandement l’efficacité des dispositifs de formation, mais vont-ils supplanter l’humain, déshumaniser la formation ?  
 
Confier l’évaluation à des systèmes automatisés peut inquiéter tant les responsables des Ressources Humaines et les formateurs que les apprenants, chacun pouvant craindre une perte de pouvoir et d’autonomie. 
 
Pour autant, comme on l’a dit, il faut permettre à tous de s’approprier les évolutions rapides de son métier, voire d’apprendre un nouveau métier. Chacun doit avoir la liberté de se former comme il l’entend et cela devra se faire à grande échelle, donc à un coût moindre.
 
Les outils numériques, venant en appui du formateur, à son service, sont un élément de réponse aux enjeux d’une formation efficace et à grande échelle. Il est donc impératif que les plateformes de formation et d’évaluation diagnostique visent aussi bien l’efficacité que la motivation et l’adhésion.
 
À cela, nous pourrions ajouter l’argument écologique.  Faut-il encore imprimer des supports de cours volumineux, très peu lus et très vite remisés ? Faut-il systématiquement se déplacer pour suivre sa formation ? Certes la numérisation a un coût énergétique, mais le bilan carbone reste très avantageux.
 
La personnalisation
 
Naturellement, la formation est d’autant plus efficace qu’elle est personnalisée, adaptée à chaque individu, à ses souhaits et besoins, à ses démarches cognitives propres, à ses motivations, mais aussi à ses disponibilités ou sa localisation. 
 
Grâce à la numérisation, un formateur peut dispenser sa formation auprès d’un plus grand nombre.  Industrialisation ne veut pas dire uniformisation. Au contraire, en augmentant le spectre, le logiciel va permettre d’analyser l’ensemble des interactions sur différents profils d’utilisateurs et ainsi d’adapter la pédagogie et d’affiner les supports. En sélectionnant les éléments de cours ou les questions les plus pertinents, grâce à son historique, le logiciel peut s’adapter à chaque apprenant.
 
Dans les formations hybrides (« blended learning »), le formateur, en ciblant les besoins des apprenants en amont et en poursuivant les entraînements en aval, améliorera considérablement l’impact de sa formation. Et bien sûr, il disposera de temps et d’attention pour, lui aussi, personnaliser davantage sa démarche, et construire ces précieux éléments de cours et ces questions qui favoriseront l’ancrage mémoriel. 
 
Le digital au service de l’humain
 
Il n’est pas question de supplanter l’enseignant, mais bien de le soulager des tâches répétitives et fastidieuses afin de lui laisser le temps de se consacrer à l’essentiel, c’est à dire à la création de contenus, tâche à forte valeur ajoutée. L’outil numérique ne vise donc pas à remplacer l’humain ; il est à son service, lui permettant de mieux transmettre et de mieux apprendre.
 
C’est là que la numérisation trouve sa place. Certaines tâches comme les corrections sont répétitives et rébarbatives. D’autres comme les analyses statistiques et multidimensionnelles des résultats, le tracé des courbes et de diagrammes sont trop complexes pour être généralisés, alors que leur apport pédagogique peut être important.  
 
L’outil numérique permettra au formateur de se concentrer sur la variété du contenu, sur les méthodes pédagogiques, sur le rythme de chacun, sur les ressources disponibles. Il pourra aussi travailler à plus grande échelle, donc d’avoir un effet de levier plus grand, de mettre son talent, son expertise, au service d’un plus grand nombre. Confier certaines tâches à la machine est donc à la fois un soulagement et un facteur de créativité, de fiabilité et de qualité.
 
Si l’évaluation diagnostique et la formation doivent être démystifiées et dédramatisées pour devenir des alliées du progrès et de la productivité, leurs outils doivent eux être ouverts et personnalisables afin de s’adapter à chaque apprenant. Le digital ne doit pas isoler mais rassembler, avec des outils de discussion en ligne, de partage en temps réel, de collaboration et d’interactivité. 
 
Grâce à la numérisation, le formateur gagnera du temps et de l’agilité.  L’humain conservera un rôle essentiel, non seulement pour produire les contenus pédagogiques de qualité, et orchestrer les processus d’acquisition, mais aussi pour écouter l’inaudible chez l’apprenant et inventer les meilleures voies.
 
 

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