Accès Internet : un p’tit effort, messieurs les FAI !

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L’AFA a commencé une campagne pour interpeller le futur président de la République sur le développement de l’Internet. Si l’Etat a effectivement un rôle à jouer, économiquement et politiquement, il ne faut pas oublier que le marché de la connexion est détenu par des acteurs privés qui ont eux-mêmes leur rôle à jouer. Notamment en élargissant la diversité des offres et en répondant aux attentes des internautes, autrement dit des clients.

Dans ses propositions au futur président de la République (voir édition du jour), l’AFA entretient le sentiment que seul l’Etat a le pouvoir d’aider au développement du Net, un peu comme si les pouvoirs publics avaient volontairement mis en place des verrous qu’il convient de faire sauter. L’Etat a évidemment son rôle à jouer, économiquement et politiquement. Mais il serait vain de tout attendre des autorités nationales pour parvenir aux 60 % de foyers connectés visés par l’AFA. Des efforts, certes modestes aux yeux de certains, ont déjà été faits dans ce sens sans pour autant révolutionner la situation. Ainsi, le tarif Internet unique à la minute n’a pas fait exploser le nombre des internautes.

Une vraie diversité des offres d’accès

Le nombre des internautes français est d’ailleurs en constante progression. De moins de six millions de connectés en mars 2001, on est passé à plus de sept millions en décembre 2001 dont plus de 600 000 en haut débit (ADSL et câble) selon les chiffres fournis par les membres de l’AFA. Une progression de plus de 16 % en moins d’un an n’est pas franchement un signe d’inquiétude pour une industrie qui a déjà quelques années, même si la France est en retard face à nombre de ses voisins européens (avec tout de même le problème aigu de la comparaison vu qu’il est bien difficile de définir avec précision ce qu’est un internaute). Puisque l’Internet est désormais commercialisé et fait parti d’un marché comme n’importe quel autre, nous pensons à VNUnet que le développement de ce marché passe par une plus grande diversité des offres d’accès. En la matière, les FAI ne sont pas forcément plus progressistes que les pouvoirs publics. Engagement sur 12 mois, quand ce n’est pas 24, tarifs de hot-line astronomiques, qualité de service non garantie, complexité d’installation des kits de connexion, problèmes de facturation… Autant de barrières qui peuvent échauder plus d’un nouvel aventurier du Net.

Les FAI sont-ils certains d’offrir toutes les solutions attendues par ce qu’il faut bien appeler des clients ? Pas sûr. D’abord parce qu’en y regardant bien, l’offre n’est pas aussi pléthorique qu’on veut bien le faire croire. Les FAI s’arrangent pour ne pas proposer les mêmes forfaits ou les mêmes services – et donc pas les mêmes tarifs – que le voisin mais le coût du surf à l’heure reste relativement homogène. Et si les forfaits se sont multipliés ces derniers temps, les offres pour gros consommateurs sont encore frileuses. AOL et son forfait illimité de l’été 2000 se souvient probablement de son succès incontrôlé…

Quid d’une offre ADSL à 128 Kbits/s ?

C’est encore plus vrai avec le haut débit où le choix se limite au câble et à l’ADSL. De ce côté, à quelques euros près (voire centimes d’euros), les offres sont toutes identiques, tant techniquement que financièrement. Seul le modem proposé varie (un peu) avec la couleur du boîtier. Pourquoi ne pas morceler les offres comme on le voit avec la téléphonie mobile ? Noos a ouvert la voie dans ce sens avec une connexion illimitée à 64 Kbits/s pour 15 euros (voir édition du 19 février 2002). Mais cette offre est limitée aux abonnés potentiels du câble. Et un débit de 64 Kbits nous semble trop proche du bas débit pour satisfaire réellement l’internaute. Une offre ADSL à 128 Kbits/s pour 20 euros au lieu de 512 Kbits/s pour 45 euros a-t-elle seulement été étudiée ? Un débit quatre fois moins important que les offres packs ADSL courantes pour un prix à peine divisé par deux. L’équation est-elle vraiment impossible à résoudre ? Il n’est pas certain qu’une économie de 7 euros, obtenue par une improbable baisse de la TVA à 5,5 %, intéresse ceux qui n’ont pas l’intention de dépasser les 20, voire 30 euros, pour leur budget Internet. Maintenant que le Net arrive à maturité, il serait temps que les industriels s’inquiètent réellement des attentes du client.