Apple : une innovation peut en cacher une autre…

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Depuis ses débuts, Apple s’est concentrée sur la symbiose entre son système d’exploitation, ses applications et son matériel. Les rumeurs autour du PowerPC 970 masquent les autres innovations susceptibles d’être introduites par la firme et le véritable challenge : endiguer le regain de concurrence de Microsoft.

Le bruit fait autour du PowerPC 970 (voir édition du 16 octobre 2002), qu’on suppose être le futur processeur adopté par Apple, ne serait-il rien d’autre qu’un écran de fumée destiné à masquer les autres innovations susceptibles d’être introduites dans son système d’exploitation, ses logiciels et ses ordinateurs de bureau ? La longue attente se cristallise en effet sur le seul volet du processeur capable de prendre la relève du G4. Et même IBM, fournisseur de la bête, participe aux débats, comme le font très justement remarquer MacWorld UK et MacBidouille. Une note de synthèse du Microprocessor Forum d’octobre, datée de décembre, aurait en fait été modifiée en mai pour une mise en ligne dans le courant du mois. Elle souligne avec véhémence le différentiel entre les anciens PowerPC et la nouvelle génération 970. « Il serait difficile qu’Apple utilise quoi que ce soit d’autre dans ses machines de bureau ou dans ses serveurs », indique en substance la note d’IBM, « à moins qu’Apple ne pense vraiment différemment. » Un coup d’oeil appuyé qui en dit long? et une fuite qui peut difficilement être qualifiée de non organisée ! Dans le même temps, les rapports « confirmés » provenant de personnels « bien informés » issus de sous-traitants et de fournisseurs d’Apple se multiplient. On parle d’un PowerPC 970 en route pour les usines d’assemblage du taiwanais Foxcon, retenu par Apple pour assembler ses futurs Power Mac. Les quantités seraient impressionnantes : des lots de 20 000 à 40 000 puces, permettant de produire entre 60 000 et 100 000 machines. Les fréquences des processeurs iraient de 1,4 à 2,5 GHz, tandis que le calendrier d’introduction s’étalerait de l’été à l’hiver, des puces à 2 GHz pouvant même faire leur apparition en plein mois de juin ! Certains parlent de monoprocesseurs, d’autres de biprocesseurs et on commence à imaginer que des machines multiprocesseurs pourraient faire leur apparition aussi très rapidement, en raison des capacités de ladite puce.

Innovations tous azimuts

Mais le processeur ne constituera sans doute pas la principale innovation de la cette nouvelle génération de machines. Trop simple, voire trop simpliste. Surtout, c’est IBM qui maîtrise, in fine, le développement du processeur et qui cherche – au même titre qu’AMD avec lequel il collabore étroitement – à profiter de l’erreur stratégique d’Intel sur les processeurs 64 bits pour PC (auxquels il ne croit pas) pour élargir sa part de marché. IBM a besoin d’une relance de l’activité autour des puces 64 bits pour étoffer sa capacité à fournir de l’informatique « à la demande ». Sa stratégie repose essentiellement sur le développement de ces services. Du coup, derrière les rumeurs relayée par l’Internet, se cache en fait un duel avec Microsoft et ses partenaires autour des technologies introduites dans le prochain Power Mac, des logiciels fournis avec les machines et de l’évolution de son prochain système 64 bits. Sur les futures technologies électroniques embarquées dans le prochain Power Mac, rien ne semble avoir filtré pour le moment. Il y a fort à parier que les ressources d’Apple se sont focalisées sur une amélioration très sensible de sa carte mère, ce qui expliquerait l’état anémique des cartes utilisées dans les machines de la firme depuis environ deux ans. Le spécialiste en processeurs d’Ars Technica, John Stokes, qui a essayé de détailler et de comparer le fonctionnement des générations de PowerPC, pense que la Pomme n’a rien fait de sérieux sur ce point précis. On peut être sûr que Bluetooth, Airport Extreme, FireWire, USB voire USB 2.0 seront bien mieux intégrés dans les prochains Mac. FireWire pourrait même prendre encore plus de place, notamment pour ses capacités réseaux. Mais d’autres technologies pourraient bien être introduites également. L’enjeu autour du matériel est simple : si Microsoft aide les constructeurs de PC à réaliser leurs machines, comme il l’a indiqué lors de la dernière conférence WinHEC, l’avantage compétitif d’Apple risque de diminuer considérablement.

La bataille des logiciels

Mais il y a un second front sur lequel la pomme doit également se battre : les logiciels fournis avec ses machines. Les offres de la concurrence sont, au final, assez riches comparées à celles fournies par Apple. La firme va donc très certainement enrichir sa gamme de logiciels inclus avec chaque machine. Cela fait partie de sa politique d’ajout de valeur. On parle d’une extension d’iChat à la téléconférence, d’un iWorks véritable concurrent de Microsoft Office, d’un lancement de la version 1.0 finale (voir édition du 23 janvier 2003) de Safari… Mais là où va se produire le véritable choc frontal, c’est sur le système d’exploitation. Microsoft prévoit dans son prochain système Windows Longhorn (voir édition du 25 juin 2002) la transparence de fenêtres, des graphiques améliorés, une interaction bien meilleure avec le matériel… Cela ne vous dit rien ? Du Mac, encore du Mac, rien que du Mac ! Apple n’a toutefois pas l’exclusivité de ces idées… et Longhorn ne déboulera qu’en 2005 ! Du coup, la firme va devoir faire fort sur la prochaine version de son OS. On sait déjà que Panther sera 64 bits, qu’il intègrera sans nul doute une version améliorée de QuickTime et que la Pomme va s’efforcer de donner de la réactivité à son Finder. Le site Looprumors pronostique ainsi l’utilisation de piles de documents sur le bureau, l’affinage d’Aqua, la généralisation du look métal. On peut s’autoriser à penser que ce ne sera pas tout, car à l’heure où les ténors de l’industrie PC sentent l’étau d’une concurrence relancée par Linux et Mac OS X, l’accentuation de la différence de pensée fera sans doute beaucoup sur la part de marché !