Cinéma en ligne : Disney et Fox se lancent à leur tour

Mobilité

La généralisation des hauts débits aidant, les studios hollywoodiens affûtent leurs armes pour diffuser leurs productions sur Internet. Disney et News Corp. (la Fox) viennent d’annoncer la création d’une plate-forme commune Movies.com. Objectif, s’emparer d’un nouveau marché de diffusion et anticiper sur l’effet Napster. En Europe, ce type d’offres se heurte au problème des droits d’auteurs.

Après AOL-Time Warner, Vivendi-Universal, Viacom (Paramount Pictures), MGM et Sony (Columbia Pictures) (voir édition du 17 août 2001), c’est au tour de Disney, en association avec News Corp. (propriétaire de la Twentieth Century Fox), d’annoncer son intention d’investir le Net pour distribuer ses films. Les deux sociétés viennent de créer une plate-forme commune, Movies.com, pour commercialiser leurs productions cinématographiques, ainsi que celles des filiales dont Miramax, sur Internet et sur le câble. Movies.com se veut également ouvert à tous les producteurs intéressés. Movies.com devrait être opérationnel début 2002.

Ce service s’adressera d’abord aux internautes disposant d’une liaison haut débit (ADSL, câble…) qui pourront alors s’offrir une séance à domicile contre 4 dollars (4,52 euros). Si les deux compagnies n’ont pas précisé les détails du mode de consommation, celui-ci se rapprocherait du pay per view. A la différence de la plate-forme concurrente des cinq autres studios hollywoodiens, Movies.com vise essentiellement une distribution sur le réseau numérique de la télévision câblée. Bien que 10 millions de foyers américains ont accès au Web en haut débit contre 1 million pour le câble « numérique », Peter Murphy, responsable du développement chez Disney, justifie sa stratégie en estimant que le public préfère visionner les films sur un écran de télévision plutôt qu’un moniteur informatique. Il n’a peut-être pas tort.

Aller plus vite que les pirates

Après les majors musicales, l’industrie américaine du cinéma adapte son business aux nouvelles technologies. Mais contrairement aux géants de l’industrie musicale (Vivendi-Universal et Sony Music pour PressPlay, BMG, EMI et Warner pour MusicNet voir édition du 24 juillet 2001) qui ont réagit après le phénomène Napster, les studios hollywoodiens cherchent à anticiper sur le piratage des films amorcé avec le MPEG-4 et le DivX qui divisent par 10 environ le poids d’un fichier MPEG-2 utilisé pour les DVD.

Droits d’auteur : exception culturelle

Côté européen, c’est le désert. Aucune initiative des Gaumont, UGC et autre producteur-distributeur-exploitant européen n’est annoncé. Il y a bien des expériences, plutôt précoces par rapport aux Etats-Unis, dont celles de Pathé avec NetCiné (voir édition du 1er décembre 2000) et Liberafilms qui a organisé quelques avant-premières en ligne (voir télégramme du 30 avril 2001). Mais la distribution des films européens se heurte aux aspects juridiques du droit d’auteur qui prévaut sur le copyright américain. Là où un diffuseur signe un contrat avec le producteur pour exploiter un film américain, le même diffuseur doit négocier avec les ayants-droits pour chaque fenêtre d’exploitation. Comme le font remarquer les créateurs de Liberafilms.com, Eric Névé et Stéphane Dottelonde, dans Libération (31 août 2001), « expérience faite, nous constatons aujourd’hui notre échec à y parvenir [à distribuer des films européen en ligne, ndlr], au moment même où les majors annoncent leur arrivée massive sur le Net ». Ah! l’exception culturelle…