Contenus TV exclusifs : l’Autorité de la concurrence redoute des « écosystèmes fermés »

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Même si les contenus ciné et sport d’Orange Sport n’étaient pas au centre des débats, le modèle économique de la « double exclusivité » est néanmoins critiqué.

Le cas d’Orange est atypique sur le marché de la distribution de la télévision par ADSL (qui va à moyen terme s’orienter vers la fibre): jusqu’ici, les opérateurs télécoms comme Free ou Neuf/SFR se cantonnaient à un rôle de distributeur en relayant auprès de leurs clientèles les offres de télévision payante de Canal Plus ou en montant leurs propres bouquets premium (mais sans dimension d’excluvisité).

En entrant de plain pied dans l’achat de droits télé dans le sport et le cinéma et en réservant ses exclusivités à ses seuls abonnés, Orange a changé la donne du marché.

L’Autorité de la concurrence souligne que cette approche de double exclusivité peut « déstabiliser » le marché si elle est imitée voire généralisée et pourrait nuire à la liberté des consommateurs sur les réseaux ADSL et fibre.

Après tout, en suivant cette logique, le groupe Vivendi pourrait très bien décider de réserver l’offre Canal Plus aux abonnés multi play de SFR…Insupportable. On aboutirait assez rapidement à un duopole dans la télévision payante sur les nouveaux canaux : Orange vs SFR/Canal.

Exclusivité d’accès : une solution exceptionnelle à limiter

« Si cette stratégie n’a pas eu pour l’instant pour effet concret de reprendre des abonnés à ses concurrents, elle a du moins pour objectif de fidéliser ses propres abonnés puisqu’ils ne peuvent plus faire jouer la concurrence des autres fournisseurs d’accès Internet sans perdre les contenus auxquels ils sont attachés », souligne l’Autorité de la concurrence.

En conséquence, l’Autorité de la concurrence estime que l’exclusivité d’accès doit rester « une solution exceptionnelle, strictement limitée dans sa durée (un ou deux ans) et dans son champ ».

Dans des dimensions plus techniques sur le marché, le nouvel organisme public en charge du respect de la règlementation sur la concurrence estime qu’il faut privilégier l’auto-distribution* et instaurer une régulation « indispensable » du marché de gros des chaînes payantes.

L’auto-distribution promue
Dans le système de l’auto-distribution, un distributeur peut se réserver l’exclusivité de certaines chaînes, tout en distribuant son offre globale sur toutes les plates-formes (satellite, télévision par ADSL, réseaux FTTx). Le distributeur du bouquet conserve alors la relation commerciale avec l’abonné. Un système qui pourrait convenir à Orange et qui permettrait aux consommateurs d’avoir accès à tous les contenus attractifs sans être enfermés chez un FAI.

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