Deux villes françaises inaugurent le vote électronique

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A l’occasion des prochaines élections présidentielles et législatives, les électeurs de Mérignac et Vandoeuvre-les-Nancy vont tester le vote électronique. Outre une authentification électronique, le module E-POLL permettra essentiellement de voter de façon délocalisée. Mais vote électronique ne veut pas forcément dire vote distant et il faudra toujours se déplacer pour aller aux urnes. Une arme contre l’abstentionnisme ? Pas sûr.

Le vote électronique, un vieux rêve en passe de devenir réalité ? Si sa mise en oeuvre n’est pas encore à l’ordre du jour des institutions françaises, les prochaines élections, présidentielles et législatives, vont servir de test technique. Un certain nombre d’électeurs de Mérignac (Gironde) et Vandoeuvre-les-Nancy (Meurthe-et-Moselle) vont donc être appelés à voter électroniquement parallèlement au vote « traditionnel » puisqu’il s’agit bien d’une phase expérimentale. Celle du système européen E-POLL mis en place par France Télécom R&D et Siemens Informatique, entre autres. Les organisateurs ont d’ailleurs obtenu le feu vert, à titre exceptionnel, de la CNIL (Commission nationale informatique et liberté).

Le module E-POLL est constitué d’une urne électronique, d’une transmission sécurisée et d’un serveur de comptage. Pour voter électroniquement, l’électeur doit obtenir de sa mairie une carte à puce qui stocke des données personnelles comme les empreintes digitales, son bureau de rattachement et son identifiant sur les listes électorales. Pour s’authentifier, l’électeur devra glisser sa carte dans l’urne électronique et poser son doigt sur un lecteur d’empreintes digitales. Ensuite, un écran tactile affichera les instructions à suivre pour effectuer le vote. Un dispositif auditif pourra être adapté pour les non-voyants. Le vote est enfin transmis, bien sûr de manière sécurisée, au serveur qui établit alors en temps réel les résultats.

Réduire le taux d’abstention ?

Selon ses organisateurs, E-POLL permettrait de réduire le taux d’abstentionnisme. En effet, ce système permet de délocaliser le vote n’importe où. L’électeur n’est donc plus tenu de rester dans sa ville pour aller voter et pourra le faire de n’importe quelle mairie du territoire. Même si, à Avellino en Italie, 94 % des électeurs impliqués se sont déclarés favorables à l’adoption du vote électronique à l’occasion d’un référendum sur l’autonomie des régions, on peut douter du succès de ce système. D’abord parce que l’abstention provient probablement plus d’un désintérêt pour la politique en général que de la couleur du rideau du bureau de vote. Ensuite, dans l’esprit de l’électeur qui se sent encore concerné par la vie politique, vote électronique s’associe à vote distant. Ou comment voter de chez soi à partir de son ordinateur ou dans la rue à partir de son téléphone mobile. E-POLL n’en prend pourtant pas le chemin.

Au contraire, il semble ajouter une contrainte supplémentaire, celle de se rendre en mairie pour se faire faire sa carte à puce d’électeur. Certes, E-POLL évite le dépouillage et les erreurs de comptage tout en économisant des tonnes de papier à imprimer. Il n’est pourtant pas dit que ce système soit plus économique qu’une exploitation traditionnelle quand on sait ce que coûtent les équipements informatiques fiables et leur maintenance, et cela pour un usage parcimonieux. Sans parler des questions de sécurité, des risques de piratage ou de détournement de résultats. Bref, le vote « analogique » a encore de beaux jours devant lui.