Et si AOL rachetait Amazon ?

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En investissant 100 millions de dollars dans Amazon, AOL s’est assuré un partenariat solide avec le plus grand site d’e-commerce du monde. Mais le groupe de Steve Case saura-t-il s’arrêter là ?

Depuis sa création en 1995, Amazon.com n’a encore jamais fait de bénéfices. Jeff Bezos, son président fondateur, clame à qui veut l’entendre que l’équilibre sera atteint à la fin de l’année. Seulement, bien que les derniers résultats trimestriels annoncés soient en ligne avec ce qui était prévu (une perte nette comptable de 168 millions de dollars pour le 2e trimestre, contre 317 millions au même moment l’année dernière), les analystes financiers, ainsi que l’indique le Wall Street Journal, se montrent plutôt sceptiques quant à la réussite prochaine de ce que l’on continue d’appeler la première librairie en ligne.

Comme pour amortir l’effet de ces pertes, Amazon a annoncé quasiment en même temps une prise de participation d’AOL dans son capital. 100 millions de dollars qui donnent à AOL un droit de propriété de 2 % du capital d’Amazon (la valeur du libraire est aujourd’hui estimée à environ 5 milliards de dollars, voire un peu moins depuis l’annonce des résultats). Selon les termes de l’accord, Amazon s’engage à promouvoir AOL comme fournisseur de services en ligne, en facilitant autant que possible le téléchargement du kit de connexion du géant, pourtant déjà omniprésent. Quant aux abonnés AOL, parmi les plus « dépensiers » sur Internet, ils se verront évidemment proposer de passer par Amazon pour l’achat de livres, disques ou DVD, au travers d’un magasin en ligne spécialement créé pour l’occasion et qui devrait ouvrir ses pages dans le courant de 2002. AOL touchant bien sûr un pourcentage sur chaque vente.

AOL partout ?

L’histoire pourrait s’arrêter là. Seulement, l’agence Associated Press nous apprend que, selon des documents remis à la Securities and Exchange Commission (la COB américaine), AOL aurait le droit de faire une offre de rachat d’Amazon, à condition qu’elle ne soit pas publique et qu’elle recueille l’accord d’Amazon. En gros, on reste entre gens de bonne compagnie. Ou plutôt entre énormes conglomérats. En effet, depuis sa fusion avec Time Warner (voir édition du 10 janvier 2000), rien ne semble pouvoir arrêter AOL. Bien sûr, AOL s’est engagé à ne pas dépasser les 2 % pendant au moins deux ans. Autant dire une éternité dans le domaine du Web. Aujourd’hui, la capitalisation boursière du groupe est évaluée à 190 milliards de dollars. Finalement, Amazon n’est qu’un petit poisson. Le slogan d’AOL n’est-il pas « AOL anywhere » ?