Hadopi : la tentation de contourner les usages prohibés

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Dans une enquête d’évaluation du premier impact de la loi Hadopi, l’Université de Rennes considère que la lutte anti-piratage au regard de la loi ne donne pas l’effet escompté.

Les radars numériques Hadopi dans la lutte anti-piratage font-ils peur ? L’Université de Rennes 1 propose « une première évaluation des effets de la loi Hadopi sur les pratiques des internautes français ».

Elle a été réalisée en collaboration avec le Môle Armoricain de Recherche sur la Société de l’Information et les Usages d’INternet (M@rsouin) et le centre de recherche en économie et management (CREM).

A travers une enquête téléphonique menée entre le 16 novembre et le 23 décembre 2009 auprès de « 2000 individus représentatifs de la population de la région Bretagne », on observe que les comportements « post-adoption Hadopi » (la loi est adoptée par le Parlement mais pas encore appliquée) sont assez hétérogènes.

Ainsi, moins de 15% des internautes qui utilisaient les réseaux P2P avant l’adoption de la loi Hadopi ont définitivement cessé de les féquenter.

Le gouvernement peut-il se réjouir ? Pas tout à fait puisque, dans la proportion de ces ex-téléchargeurs, seulement un tiers a vraiment renoncé à toute forme de piratage numérique, les deux tiers restant se sont tournés vers des pratiques alternatives de piratage qui échappent au radar Hadopi comme le streaming illégal (comme AlloStreaming) ou le téléchargement sur des sites d’hébergements de fichiers (Megaupload, RapidShare, etc.).

On se retrouverait donc dans une situation de tentative de contournement des barrières dressées par la loi.

Les « pirates caméléons »

Pourtant, à première vue, le tableau du piratage ne serait pas aussi noir.

Ainsi, toujours selon l’étude d’évaluation, 70% des internautes sondés écouteraient de la musique ou regardent des vidéos sur Internet dans un cadre légal. « Seuls 30% des consommateurs de vidéos et de musique en ligne déclarent avoir des comportements de piratage numérique. »

Sachant qu’entre les déclarations et les usages réels, on peut souvent observer un fossé.

Plus problématique pour le développement de l’offre légale de contenus numériques promue dans le rapport Zelnik, comment gérer ces « pirates caméléons » qui fréquentent les réseaux P2P et qui achètent en parallèle de la musique ou des vidéos sur des plates-formes légales sur Internet.

« La consommation de contenu illégal semble s’accompagner d’une disposition à payer pour du contenu légal », considèrent les auteurs de l’enquête. « Dès lors, les explications qui verraient dans le peer-to-peer ou le streaming gratuit un moyen de découvrir et d’expérimenter des artistes ou des oeuvres pour finalement consommer plus et/ou différemment ne peuvent pas être rejetées. »

Une tendance du « double usage » qui concernerait près de la moitié des pirates. Décidément,  la vision raccourcie « tous pirates » est complexe à cerner…

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