La France libéralise la cryptographie

Régulations

Lors de la conférence de presse tenue mardi, Lionel Jospin a annoncé le passage du seuil de cryptographie libre de 40 à 128 bits.

Il y a quelques jours, le ministre de l’Economie Dominique Strauss-Kahn annonçait la prochaine libéralisation de la cryptographie en France. En même temps, des bruits circulaient sur l’élargissement à 56 bits du seuil libre de cryptage, en attendant les directives du Comité Interministériel pour la Société de l’information (Cisi). Finalement, lors de la conférence de presse tenue à Matignon pour présenter le bilan 1998 du Cisi, Lionel Jospin a affirmé sa volonté d’ouvrir le seuil de cryptologie libre de 40 à 128 bits. Actuellement, la loi du 26 juillet 1996 permet de chiffrer un document informatique personnel à l’aide d’une « clé » logique ne dépassant pas 40 bits. Bien que la plupart des services de renseignements de la planète voient la pratique d’un mauvais oeil, le chiffrement s’impose notamment dans les transactions du commerce en ligne, pour limiter par exemple l’accès à la lecture d’un numéro de carte bancaire. Ou bien dans les entreprises qui souhaitent protéger des documents sensibles diffusés via les réseaux informatiques. Problème, le codage français sur 40 bits peut être cassé à l’aide de plusieurs machines collaborant en réseau. La solution ? Des clefs de cryptage supérieures à 40 bits sont disponibles sous réserve d’une demande officielle et du recours à un tiers de confiance. Autrement dit, un organisme accrédité public ou privé conserve votre code sous sequestre. L’Etat – les services de police par exemple- se réserve ainsi la possibilité d’accéder à vos documents chiffrés en cas de force majeure. Or cette pratique ne sera plus d’actualité. Reconnaissant que la loi de 1996 n’est plus adaptée à la technologie actuelle, Lionel Jospin annonce vouloir « offrir une liberté complète dans l’utilisation de la cryptologie » et « supprimer le caractère obligatoire du recours au tiers de confiance pour les clefs de chiffrement ».Tout en reconnaissant que changer la loi prendra plusieurs mois, le gouvernement permettra à n’importe qui de coder librement ses documents avec une clef de 128 bits. Ajoutons que ce codage, réputé sûr, est celui en vigueur aux Etats-Unis.