Microsoft veut standardiser Open XML

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L’éditeur entend faire de son format de documents un standard international officiel, à l’instar de son concurrent OpenDocument.

Microsoft, accompagné d’un certain nombre de partenaires industriels (dont Apple, Intel, Essilor, Toshiba, Barclay Capital) et institutionnels (British Library), va soumettre son format Open XML à l’Ecma International, un organisme de standardisation international créé en 1961 par plusieurs fabricants informatiques. Cette démarche vise à standardiser le nouveau format de l’éditeur de Windows qui sera implémenté dans la suite bureautique Office 12, attendue pour le second semestre 2006 (voir édition du 17 novembre 2005).

Rappelons que, comme son nom l’indique, le format Open XML s’appuie sur le standard XML, « qui permet de créer d’autres standards », précise Jean Paoli, directeur de l’architecture XML de Microsoft Corporation et cocréateur de XML 1.0 au sein du W3C (World Wide Web Consortium). Microsoft s’est ainsi appuyé sur XML pour définir les formats HL7, dédié au secteur de la santé, et XBRL, destiné à la finance.

Pérennité et interopérabilité des documents

En cherchant à standardiser son format de fichier au niveau international, Microsoft entend garantir à ses utilisateurs une pérennité et une interopérabilité de leurs documents. Ces derniers deviendraient ainsi des éléments centraux de la structure informatique, exploitables par diverses applications de bureautique, de bases de données ou de workflow (automatisation des flux d’information). L’éditeur va d’ailleurs proposer des outils de conversion des précédents formats Office au format Open XML et ajouter gratuitement le support de ce dernier dans Office XP et Office 2003.

« Les créateurs de documents vont pouvoir générer des formats ouverts assurant une stabilité dans les logiciels Microsoft Office », explique Jean Paoli. Microsoft espère également créer un écosystème sur la base de ces formats afin de conforter des projets industriels. Enfin, c’est également une opportunité pour Office 12 « car le document est partagé tout au long du processus métier », souligne le dirigeant de Microsoft.

Les spécifications d’Open XML librement disponibles

Microsoft a donc enfin décidé de suivre la voie de l’ouverture au prix d’un assouplissement de sa stratégie de formats de documents propriétaires. « La standardisation était planifiée depuis le printemps dernier », nuance Jean Paoli, « depuis qu’il a été décidé que Office 12 s’appuierait sur le format XML. » Cependant, la standardisation ne sera pas effective dans l’immédiat : il faut entre 12 à 18 mois pour que l’Ecma valide une telle demande.

Cela n’empêchera pas les développeurs de s’appuyer sur les spécifications XML d’Office 12 pour commencer leurs développements. Microsoft rend ses spécifications librement accessibles en ligne et s’est engagé, à travers une licence ouverte, à ne pas poursuivre en justice les personnes qui s’appuieront sur Open XML.

Sur les traces d’OpenDocument

Aussi louable que soit l’intention de Microsoft, l’éditeur ne fait que calquer la démarche de Sun Microsystems avec OpenDocument, le format XML aujourd’hui exploité par StarOffice et son pendant open source OpenOffice.org 2.0. OpenDocument a d’ailleurs été standardisé par l’OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) et est en cours de ratification comme norme publique auprès de l’ISO (International Standard Organisation).

En attendant, OpenDocument gagne du terrain. Séduits par l’assurance d’une interopérabilité et d’une pérennité des documents, nombre d’acteurs optent pour ce format open source – notamment l’administration de l’Etat du Massachusetts aux Etats-Unis (voir édition du 8 septembre 2005). OpenDocument a par ailleurs fait l’objet d’une évaluation favorable de la part de la Commission européenne, qui n’attend peut-être que son obtention de la norme ISO pour l’adopter. Bref, s’il est clair qu’on se dirige, à terme, vers un format unique, il reste à savoir lequel des deux s’imposera.