Montre-moi une image, je te dirai ce qu’il y a dedans

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Un ordinateur capable de décrire une image à l’aide de mots ! Voilà ce que propose LookThatUp, société spécialisée dans la recherche d’images par association visuelle. Encore balbutiant, le système n’en est pas moins bluffant puisqu’il est capable de déterminer si une photo présente des gens debout ou assis ou encore si l’on est en présence d’un paysage de montagne ou d’une plage.

« Qu’est-ce que tu vois sur cette image ? Eh bien, il y a deux joueurs de foot, des gradins avec des gens assis et d’autres debout. » Rien de plus facile que la description sommaire d’une image, direz-vous. Peut-être. Sauf que dans le cas présent, c’est un ordinateur qui se charge de cette description. Pour l’heure, Image-Indexer ne permet pas un dialogue aussi précis, le résultat s’affiche sous forme de thèmes. Ainsi, pour notre photo, le système indiquera qu’elle appartient au thème « Sport » à 100 %, suivi de « Gens debout » à 94 %. Une vraie performance à n’en pas douter puisque Image Indexer devrait permettre à terme, de se passer de la fastidieuse indexation manuelle des images. De quoi intéresser toutes les photothèques et autres banques d’images du monde. Bien sûr, pour que le système fonctionne il faut d’abord créer une base de données contenant les fameux thèmes. Pour la démonstration, LTU a créé 400 catégories de description (« feu », « fleurs », « personnes qui portent un sac », « plages », « montagnes », « désert », etc.). Mais le système est capable « d’apprendre » de nouvelles catégories selon les besoins.

LTU ? Pas vraiment inconnue, cette société vient juste de changer de nom. Elle s’appelait auparavant LookThatUp et avait présenté à la fin de l’année dernière sa technologie de recherche d’images par associations (voir édition du 7 décembre 2000). Selon Chahab Nastar, PDG et cofondateur, ce nom plus générique permet à la société de repositionner son offre commerciale afin de répondre aux besoins des différents marchés liés à la gestion de l’image : recherche, filtrage, indexation, sécurité, comparaison, etc. Un marché estimé à 11 milliards de dollars en 2005 par le McKenna Group. Et sur les 7 millions de nouvelles images publiées chaque jour sur Internet, seules 5 % sont indexées. « C’est un marché explosif qui réclame une automatisation des traitements », soutient Chahab Nastar. Fournisseurs d’accès et hébergeurs, moteurs de recherche, banques d’images, sociétés de protection intellectuelle, sites marchands et autres entreprises propriétaires d’un fonds d’images sont les clients potentiels de LTU. Basée à Paris et San Francisco, LTU s’adresse donc essentiellement au marché des professionnels.

Recherche d’image par comparaison

Image-Indexer vient donc s’ajouter aux trois logiciels développés et présentés précédemment : Image-Seeker pour la recherche, Image-Filter pour la sélection d’images à contenu explicite – essentiellement la pornographie – et Image-Shopper pour la recherche d’objets sur un site marchand, dont iBazar fut l’un des premiers utilisateurs(voir édition du 3 mai 2001). En même temps qu’Image-Indexer, LTU a également présenté Image-Watcher qui, lui, est capable de retrouver des images par comparaison. Concrètement, il suffit de soumettre une image au système pour que celui-ci aille chercher l’originale et celles qui lui ressemblent au sein d’une base de données ou d’un réseau. Image-Watcher intéressera notamment les éditeurs et sociétés de gestion de droits à la recherche des utilisations non autorisées de leurs données.

L’ADN de l’image…

Ces deux nouvelles applications, comme les précédentes, reposent sur la technologie propriétaire de LTU développée de 1995 à 1999 au sein de l’INRIA. Elle s’appuie sur la signature numérique, sorte d’ADN de l’image (à partir de l’analyse des formes, couleurs, textures, organisation spatiale, etc.) qui la rend unique. C’est à partir de ces signatures que les logiciels de LTU travaillent par comparaisons et similarités avec des profils de référence, toutes ces opérations s’effectuant en temps réel grâce aux algorithmes propres à LTU. Ces applications sont bien sûr utilisables avec des logiciels spécifiques (moteurs de recherche, éditeurs d’images, players vidéo, bases de données, etc.). Signalons d’ailleurs que LTU a étendu son application de filtrage d’images fixes au modèle animé, permettant ainsi la suppression des passages pornographiques dans une vidéo, quelle que soit la qualité de l’image.