Patrick Bertrand (AFDEL) : « La maîtrise des infrastructures cloud est essentielle »

Cloud

L’Association française des éditeurs de logiciels publie un livre blanc sur le cloud computing et demande au gouvernement de lancer une consultation publique sur le sujet.

L’AFDEL se mobilise sur le thème du cloud au nom d’une nécessaire « prise de conscience ». Il vient de publier un livre blanc sur le thème : « Cloud computing, une feuille de route pour la France ».

L’Association Française des Editeurs de Logiciels demande également qu’une consultation publique soit initiée par le gouvernement pour faciliter l’intégration du cloud computing dans le grand emprunt national.

Le club des éditeurs de logiciels, présidé par Patrick Bertrand, avait déjà mis en place un groupe de travail sur le thème du « utility computing », tout comme d’autres organisations professionnelles dans le domaine de l’IT comme Syntech Informatique ou le CLUSIF.

ITespresso.fr : De quelle manière l’AFDEL s’implique-t-elle dans le cloud ?
Patrick Bertrand : C’est une démarche pédagogique que nous menons autour du cloud à destination de nos membres, des entreprises mais aussi des autorités publiques. Car il y a un effet de buzz avec le cloud. Mais, dans la réalité, peu de gens savent de quoi on parle.

ITespresso.fr : Pourquoi demandez-vous une consultation publique autour du cloud ?
Patrick Bertrand : Nous voudrions que les pouvoirs publics prennent conscience que la maîtrise des infrastructures cloud devient un facteur essentiel. Car les groupes qui détiendront ces technologies auront toutes les clés. Notamment celles des logiciels développés au sein du cloud. Cela représentera un certain pouvoir sur l’industrie. Le fait de laisser le contrôle de ces grandes centrales à des acteurs non-français et non-européens serait préoccupant à divers niveaux : souveraineté nationale, sécurité, emploi, innovation… Le cloud va aussi changer beaucoup de choses pour les utilisateurs finaux, qui devront s’habituer à un écran intelligent qui va se connecter sur le cloud. C’est une vraie révolution car cela faciliter l’usage de l’informatique.

ITespresso.fr : Sur le volet numérique du grand emprunt, le cloud est intégré dans les investissements prioritaires…

Patrick Bertrand : C’est vrai. Une enveloppe de 4,5 milliards d’euros est dédiée au  numérique : 2,5 milliards pour les infrastructures et 2 milliards pour les usages. Sur la partie des infrastructures, on a beaucoup évoqué le haut débit et le très haut débit. Et la France est clairement dans le peloton de tête en Europe sur le sujet. On a évoqué les usages et les retombées pour la filière logicielle.

De son côté, Nathalie Kosciusko-Morizet [secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique, ndlr], a évoqué le cloud mais les choses ne sont pas très précises. Les décideurs et les pouvoirs publics n’ont pas encore compris de quoi il s’agissait. Nous avons également remis un dossier auprès du commissaire en charge de la Commission Attali 2 qui doit sortir une deuxième série de propositions pour moderniser la France.

ITespresso.fr : Avez-vous obtenu une réponse de la part des pouvoirs publics sur la question de la consultation publique ?
Patrick Bertrand : Non. Mais je suis convaincu que Nathalie Kosciusko-Morizet prendra ce sujet en main. Il est temps de lancer des débats à ce sujet pour que les industriels puissent préparer leurs réponses aux appels à projets éligibles dans le cadre du grand emprunt d’ici la rentrée.

ITespresso.fr : Quelles sont les implications du cloud pour les membres de l’AFDEL ?
Patrick Bertrand : Les éditeurs de logiciels vont devoir écrire ou ré-écrire leurs logiciels pour une exploitation compatible en mode cloud en prenant en compte dans le code la dimension bande passante. La façon de vendre des logiciels va également évoluer. Le paiement à l’usage entraîne un bouleversement dans les méthodes de facturation, y compris dans les réseaux de revente indirecte.

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