S. Ramoin (Gandi) : « Internet, un des rares vrais lieux de démocratie »

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En dix ans, Gandi est devenu l’un de principaux bureaux d’enregistrement de noms de domaine en France et en Europe. Interview de Stephan Ramoin qui a racheté l’entreprise en 2005.

ITespresso.fr : L’intégration de Moonfruit s’est-elle passée comme prévue lors du rachat de Gandi, en 2005 ? [Moonfruit est dirigé par l’un des investisseurs de Gandi, ndlr]

Stephan Ramoin : Moonfruit et ses managers ne font aujourd’hui plus partie de notre groupe, nous avons décidé de nous séparer cette année. La raison est banale, une divergence de vue fondamentale sur la conduite d’une entreprise. Je ne souhaitais pas diriger Gandi comme une vulgaire start-up, mais bel et bien comme l’entreprise normale qu’elle est et sur le long terme. Ceci précisé, nous avons conservé de très bons rapports puisqu’ils continuent à nous fournir l’outil de création de site et que nous sommes leur prestataire unique pour leurs domaines. Le fait d’avoir un investisseur en commun aide à sécuriser ce genre de choses.

ITespresso.fr : Quelques chiffres sur Gandi ?
Stephan Ramoin : Gandi c’est 20% de croissance par an en moyenne sur les 5 dernières années, et si tout va bien, pour les trois années qui viennent. Nous sommes 40 sur Paris, 5 aux US. Environ 1,2 million de domaines vendus (donc pas offerts ou vendus à perte), nous sommes profitables et notre trésorerie est très saine. Des centaines de milliers de clients dans le monde entier, avec beaucoup d’experts qui ont la la gentillesse de nous recommander à leurs connaissances, qui sont souvent des PME, des associations, institutions etc. C’est un vrai bonheur de travailler dans une entreprise aimée et défendue uniquement par ses propres clients, grâce à la qualité de son travail. On ne récolte que ce que l’on sème.

ITespresso : L’ICANN est encore sous domination américaine. Dans dix ans, considérez-vous que l’Internet sera enfin « mondial » ? Les instances de gouvernance ne devraient-elles pas être plus « neutres » vis à vis d’une nation ?
Stephan Ramoin : Vous préfèreriez que la domination soit européenne ou chinoise ? Personnellement, je ne suis qu’un être humain, et à partir du moment où cela marche correctement dans le respect des libertés individuelles, cela me va. Quand je vois comment fonctionnent à la fois notre pays, les autres pays européens et plus globalement nos sociétés civiles, je me dis qu’Internet est un des rares vrais lieux de démocratie. En tout cas bien davantage que notre république bananière par exemple.

ITespresso : Un jeune de 16 ans vient vous voir avec une super idée et rêve de devenir entrepreneur : que lui conseillez-vous ?
Stephan Ramoin : Si je pense qu’il s’agit d’une super idée, alors on essayera de voir si cette personne peut la porter. Si tel est le cas, je le pousserais et l’aiderais à la mettre en œuvre. Qu’il ait 16 ou 61 ans n’a que peu d’importance. L’essentiel, c’est qui il est et ce qu’il veut faire. Ensuite, il faut juste bien comprendre qu’il y a plus d’argent que de vraies bonnes idées ou de personnes pour les porter.

ITespresso : Quelles seront les grandes tendances/évolutions dans les 10 prochaines années ?
Stephan Ramoin : Désolé, je ne suis pas madame Irma et n’ai pas l’immodestie de prévoir l’avenir. Mais clairement, il est évident que le traitement des données et leur impact sur l’environnement sera un élément-clef de nos sociétés avec la dématérialisation en cours.

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