Steve Jobs séduit les professeurs américains

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Aucune annonce nouvelle n’est venu émailler la présentation d’introduction faite par Steve Jobs au NECC, le salon spécialisé dans l’informatique à l’école qui se tient à Chicago jusqu’au 27 juin. Jobs n’a fait qu’annoncer – encore – une révolution à l’école. Tout en en profitant pour égratigner son frère ennemi Michael Dell.

Contrairement aux diverses annonces que la rumeur avait colportées, Steve Jobs n’est pas allé vendre de nouveaux produits au NECC (National Educational Computing Conference ? Conférence nationale sur l’informatique à l’école), aux Etats-Unis. Il est venu prêcher : « Nous sommes engagés, comme vous pouvez l’être », a-t-il indiqué d’emblée à l’assemblée. Les points forts du discours de Steve Jobs ont concerné la place d’Apple sur le marché, la direction que prenait l’informatique à l’école, l’implication d’Apple sur le marché et les raisons pour lesquelles les Mac y ont toujours leur place. Et il semble avoir fait chavirer les professeurs présents.

Des portables à l’école

Donnez-lui un bout de silicium et un peu de polycarbonate et Steve Jobs vous émeut une assemblée en deux temps, trois mouvements. C’est un de ses secrets que lui envie Bill Gates et qui cause l’énervement de Michael Dell (voir édition du 21 mai 2001). Et de l’énervement, le Texan, il risque d’en avoir pour son compte : dans une démonstration parfaitement rodée, Steve Jobs a expliqué, devant un parterre de professeurs tout ouïe, sa vision de l’ordinateur à l’école. « Plutôt que d’amener les élèves aux ordinateurs, la nouvelle façon de faire est d’amener les ordinateurs aux élèves. Nous percevons les débuts de ce mouvement », a-t-il indiqué. Plus d’immobilisation de salle de classe dans l’école de demain (celle d’aujourd’hui déjà pour quelques districts américains). Et de sortir graphiques et camemberts à l’appuis de son propos : Apple détient un quart de la « niche » des portables à l’école, qui croît trois fois plus vite que le marché des machines de bureau. Au rythme actuel, Dell (voir édition du 9 avril 2001) pourrait perdre à nouveau sa place de numéro un du marché de l’éducation avant l’année prochaine. Le responsable éducation de Dell va devoir travailler sur une nouvelle approche du marché (voir édition du 18 juin 2001) !

L’impact le plus fort avancé par Jobs concerne la possibilité de déployer une solution Apple sans fil à moindres frais. Pour le démontrer, Apple met à disposition des participants au salon un réseau Airport et 100 iBook équipés de la carte de connexion ! Mais c’est bien le plastique et la durée de vie des batteries qui plaisent aux enseignants : la batterie de l’iBook aurait une durée de vie deux fois supérieure à celle de la version précédente, et devrait sa durabilité à sa coque en polycarbonate, un matériau utilisé pour fabriquer les gilets pare-balles. Pas indestructible pour les têtes blondes, mais presque.

L’atout PowerSchool

Autre atout de taille, PowerSchool (voir édition du 2 mai 2001). La société de services aux écoles, achetée par la Pomme en début d’année, est capable de fournir ses services en temps réel. Cette solution entièrement externalisée offre aux districts scolaires des fonctions avancées de gestion des élèves à un coût bien moins élevé que les habituelles solutions fournies par des solutions achetées et qu’il faut répliquer dans chaque établissement. PowerSchool fait sauter les coûts de serveurs et de licences de logiciels afférentes. Cette fois, ce sont les gestionnaires des écoles qui opinaient du chef. Dans la foulée, Jobs en a profité pour rappeler les derniers marchés obtenus par PowerSchool, dont le système scolaire privé de Chicago et ses 434 000 élèves, le troisième aux Etats-Unis ! La force de PowerSchool, c’est d’être une solution multiplate-forme, car elle fonctionne à l’aide d’un simple navigateur. Mais l’intégration avec les solutions Apple paraît aller de soi et contourne un des obstacles majeurs à l’adoption du Mac dans les écoles aux Etats-Unis : le choix de logiciels tournant sous Unix ou Windows par les administrateurs, qui en profitent pour standardiser leurs achats, au grand dam des professeurs, souvent réticents.

Un de ces enseignants mécontents s’indignait récemment de l’attitude de son administration et dénonçait l’aveuglement des responsables des achats, plus prompts à compter leurs deniers qu’à faire l’acquisition des machines voulues par leurs utilisateurs. Avec PowerSchool, Apple dispose de l’artillerie lourde : les parents peuvent vérifier les notes de leurs enfants, les devoirs à faire à la maison et leurs absences, en direct et en temps réel depuis n’importe quel ordinateur équipé d’un navigateur. Presque l’école façon Loft Story