JO Londres 2012 : Twitter laisse des plumes dans l’affaire Guy Adams

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La réputation de Twitter en matière de neutralité en a pris un coup avec l’affaire Guy Adams, ce journaliste qui a vu son compte temporairement désactivé pour avoir publié l’adresse mail professionnelle du président de NBC Olympics.

Journaliste indépendant pour le compte du quotidien britannique The Independent, le dénommé Guy Adams a retrouvé l’usage de son compte Twitter, avec en prime les plus plates excuses du site de micro-blogging.

Guy Adams s’était vu couper l’accès à la plate-forme alors qu’il critiquait vivement la couverture télévisuelle des Jeux Olympiques de Londres par NBC.

La chaîne américaine, filiale du groupe Comcast, a obtenu, pour 1,3 milliard de dollars, l’exclusivité de diffusion de cette quinzaine olympique à l’échelle des Etats-Unis.

Mais les téléspectateurs dépendent d’intérêts publicitaires qui imposent la retransmission en différé de certaines épreuves susceptibles d’attirer les foules.

Les effets pervers de ce monopole se sont notamment vérifiés lors de la cérémonie d’ouverture, un succès populaire opportunément diffusé lorsque la nuit tombait sur les Etats-Unis, avec par conséquent plusieurs heures de décalage sur le direct.

La polémique n’a guère tardé à enfler sur Twitter, avec un hastag #nbcfail devenu incontournable en l’espace de quelques jours, avec un pic d’utilisation au cours du week-end.

Souhaitant que ses abonnés puissent s’adresser directement à Gary Zenkel (président de NBC Olympics), Guy Adams a jugé utile de publier en clair l’adresse mail professionnelle de l’intéressé.

Ce qu’ont modérément apprécié les équipes de Twitter, qui, jugeant qu’une telle publication constituait une atteinte à la vie privée du dénommé Zenkel, en ont fait part à NBC, l’encourageant vivement à signaler cette infraction.

Après réception de la plainte via le formulaire Abuse (seul moyen pour Twitter d’enclencher la machine), le compte de Guy Adams a été fermé sans délai.

C’est là que le bât blesse. Twitter, dont la politique de neutralité impose la non-interférence avec le flux de tweets, aurait dérogé à ses habitudes et par là même remis en cause sa réputation de bastion de la liberté d’expression.

Il semble qu’une dépendance ait motivé cette entrave : en l’occurrence, un partenariat commercial qui lie Twitter à Comcast, impliquant la mise en avant de publications sponsorisées en échange de publicité télévisuelle.

Les messages de soutien à Guy Adams ont plu. L’affaire a pris une envergure telle que Twitter est revenu sur sa décision.

Pour sa défense, le site évoque un vide dans son règlement. Le directeur juridique Alex Macgillivray ajoute qu’il est difficile d’adapter le règlement afin qu’il adresse tous les cas particuliers.

Tout particulièrement celui des adresses mail professionnelles : s’agit-il bien de données privées lorsqu’elles sont déjà visibles en ligne, trouvables au moyen d’une simple recherche Google et de surcroît établie sur le modèle traditionnel du « prénom.nom@domaine.extension » ?

Reste que le contraste est saisissant alors que Twitter s’est souvent présenté comme une place forte d’opinion publique, notamment lors des émeutes du Printemps arabe.

Dans cette veine, sa farouche opposition à fournir aux autorités américaines les données personnelles du compte de Malcolm Harris, poursuivi pour trouble à l’ordre public dans le cadre du mouvement Occupy Wall Street, n’était pas passée inaperçue.

Selon son premier « rapport de transparence » publié pour le semestre écoulé, Twitter est plus enclin à répondre aux demandes individuelles de suppression de contenus lorsqu’elles émanent d’Etats (75% des cas aux Etats-Unis, pour 679 sollicitations reçues sur la période référence).

Twitter Guy Adams

 

Crédit image : © herreneck – Fotolia.com


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