Vie numérique : des Français aussi inquiets que matures

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L’IDATE et l’ACSEL constatent que la maturité des Français dans la gestion de leurs données personnelles sur Internet est à l’image de leurs craintes : croissante.

Quand bien même la confiance qu’ils accordent aux services en ligne a significativement faibli depuis l’éclatement du scandale NSA avec les révélations d’Edward Snowden, les Français utilisent toujours autant Internet, au point de développer une certaine maturité qui leur permet de définir des stratégies de protection de leurs données personnelles.

C’est l’un des principaux enseignements à tirer de la 4e édition du « Baromètre sur la confiance des Français dans le numérique » réalisé à fréquence bisannuelle par l’IDATE pour le compte de l’ACSEL (Association pour le commerce et les services en ligne) et de la Caisse des dépôts.

Les 1000 internautes sondés en ligne au mois de mars ont été répartis en cinq catégories autour d’un maître mot : la confiance, élevée chez les « technophiles ». Ces derniers représentent 14 % de l’échantillon. Ils maîtrisent globalement leur vie numérique et utilisent de nombreux services.

Suit la catégorie des « confiants », coeur des utilisateurs réguliers (41 % du panel) et dont la confiance est forte envers les services en ligne, sans que les mesures de protection soient systématiquement à la hauteur.

Les « modérés » (11 %) ont une image globalement favorable d’Internet, mais s’en servent peu. A l’inverse, les « pragmatiques » (19 %) en ont un usage soutenu, tout en percevant les risques. Les « réticents », en revanche, ont tendance à s’en détourner, la méfiance l’emportant.

Économie collaborative et objets connectés

Au global, seuls 40 % des Français on réellement confiance en l’usage d’Internet. Ce qui ne les empêche pas de manifester un intérêt croissant pour des segments comme l’économie collaborative et les objets connectés.

Sur ce dernier point, le taux d’équipement reste faible (10 %, essentiellement grâce à la voiture connectée, à la domotique et aux smartwatchs). Mais les intentions progressent : 20 % des répondants ont l’intention de franchir le pas dans un horizon de deux ans.

Principal frein à l’adoption des objets connectés : le stockage des données sur Internet, qui inquiète 61 % des Français. Lesquels sont même plus d’un tiers (35 %) à ne pas savoir où sont hébergées ces informations.

En matière d’économie collaborative, la participation est encore faible (16 % des sondés en tant que clients ; 8 % en tant qu’offreurs), mais l’engouement se fait ressentir : 83 % des offreurs et 79 % des clients font part de leur confiance envers cette culture du partage en développement grâce à des entreprises comme BlaBlaCar et Airbnb.

La renommée de toutes ces plates-formes reste le premier levier de confiance (pour 54 % des clients et 53 % des offreurs). Suivent la notation des utilisateurs, les possibilités de recours et les modalités de paiement.

Concernant les obstacles côté client, la mauvaise qualité de service est le plus souvent citée (43 %), devant le risque de piratage des données bancaires (40 %) et l’utilisation abusive des données personnelles (34 %). Les offreurs s’inquiètent plutôt des incivilités du client (57 %) et de son absence (46 %).

Malgré les données…

Alors que 64 % de ceux qui ne recourent pas à l’économie collaborative disent ne pas en avoir besoin, ceux qui ont fait le pas ont d’abord des motivation économique (85 % des clients, 54 % des offreurs) et écologiques (39 % et 57 %).

Les pourcentages sont beaucoup moins élevés lorsqu’on abordent la question des informations personnelles : les Français ne sont plus que 18 % à se dire prêts à publier en ligne des éléments relatifs à leur santé. Ils était 29 % en 2013. De même, ils ne sont plus que 29 % à accepter de mettre des photos en ligne (- 20 points). Et seulement 26 % tolèrent d’être géolocalisés.

La gestion des données représente l’un des principaux motifs de dégradation de la confiance envers les différents services en ligne : 67 % pour l’administration, contre 86 % en 2013 ; de 56 % à 43 % en quatre ans dans le e-commerce.

Pour autant, le taux d’usage reste important : 89 % pour chacun de ces deux secteurs, stable par rapport à 2013. Même constat pour la banque (86 %) et les réseaux sociaux (77 %), où la proportion augmente même un peu.

Maîtriser sa présence en ligne

C’est surtout l’intervention de tiers qui préoccupe les Français. Ces derniers sont 60 % à faire confiance aux organismes publics qui s’échangent des données… mais seulement 21 % si un acteur du privé s’immisce dans la chaîne. Les taux de confiance s’écroulent si les services d’identification sont fournis par des sous-traitants (12 % pour les sites marchands, 4 % pour l’administration, 3 % pour la banque).

Ces considérations ne pèsent que modérément dans la balance pour les services cloud, qui suscitent toujours la méfiance (35 %), plus encore sur la question de l’exploitation des données d’utilisateurs (47 % ; un taux qui monte à 52 % pour la banque en ligne).

Globalement rassurés par les garanties techniques qui leur sont proposées (44 % pour les sites e-commerce, 41 % pour la banque, 39 % pour l’administration), les Français font preuve d’une maîtrise accrue de leur présence en ligne. Le nombre de comptes qu’ils exploitent se stabilisent (15) et chute même sur les réseaux sociaux (1,1 en moyenne, contre 1,9 en 2013).

En outre, 84 % d’entre eux ont déjà pris au moins une mesure concrète de protection lors de leur navigation Internet. 70 % effacent leurs cookies ou leurs fichiers temporaires. 28 % utilisent un pseudo sur les réseaux sociaux (16 % en 2013). 44 % n’hésitent pas à renseigner des informations erronées, plus encore en sachant que 16 % ont déjà été victimes d’usurpation d’identité (portant dans 82 % des cas sur le numéro de compte ou de carte bancaire).

Crédit photo : Per Bengtsson – Shutterstock.com

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