Alex Türk (CNIL) : « Vie privée : nous attendons des éléments complémentaires de Google Street View »

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Le Président de la CNIL est favorable à la proposition de loi pour « restreindre l’immixtion des moteurs de recherche dans la vie privée ». Il rebondit sur un autre sujet tout aussi délicat : l’identité numérique.

ITespresso.fr : Ne faut-il pas mieux informer les citoyens de la façon dont ils peuvent gérer leur identité numérique ?
Alex Türk : Bien entendu. Les réponses aux problèmes que nous avons évoqués sont de plusieurs natures. La première réponse est de dire que, dans le cadre du droit existant, on peut faire des actions de contrôle ou judiciaire et la CNIL en fait déjà. Mais cela ne suffit pas. Je pense que nous pouvons compter sur la technologie pour résoudre des problèmes liés à la technologie. Si on le souhaitait, on devrait être en mesure de garantir à une personne que l’on peut supprimer ces données personnelles dès qu’elle le souhaite. Mais encore faut-il que l’on souhaite maîtriser ces systèmes et offrir cette possibilité.

ITespresso.fr : Sous-entendez vous que tous les pays ne sont pas égaux en matière de garanties de respect de la vie privée et qu’il faut faire évoluer la réflexion d’un point de vue plus large ?
Alex Türk : Il y a une nécessité de trouver une solution juridique acceptable sur toute la planète. Il va falloir trouver une solution entre le niveau requis en Europe et celui requis aux États-Unis qui sont beaucoup moins exigeants que nous en la matière.

ITespresso.fr : En attendant, vous misez donc sur la pédagogie ?
Alex Türk : C’est un fait, nous n’arriverons sans doute jamais à régler tous les problèmes. Donc, l’une des réponses, c’est la pédagogie. Il faut faire en sorte que les jeunes et moins jeunes soient formés et conscients des enjeux que toutes ces technologies posent. Et qu’ils puissent être en mesure de maîtriser les informations placées sur le réseau.

ITespresso.fr  : Et cette pédagogie, qui devrait l’initier ?
Alex Türk : Les médias, le milieu enseignant, moi de mon côté… Nous avons tous une responsabilité en la matière et pour tout vous dire, je suis très préoccupé. Parce que j’ai le sentiment qu’on devrait faire beaucoup plus encore dans le domaine éducatif. Tôt ou tard, nous devrons légiférer sur le problème de l’identité numérique parce qu’il y a derrière la nécessité de protéger les personnes. Vous savez qu’il y a une réflexion qui est engagée sur la possibilité de se protéger soi-même en se couvrant derrière une forme d’anonymat. Sachant qu’il y aurait une mécanique qui permettrait de franchir le stade de l’anonymat dans l’hypothèse où l’on est dans une procédure judiciaire. On voit bien que tout cela pourrait nécessiter de reconsidérer totalement la notion d’identité numérique.

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