Amazon : la publicité plus forte que le cloud avec Alexa ?

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Des analystes voient les revenus publicitaires d’Amazon dépasser à terme ceux de l’activité cloud. Quel rôle pour l’assistant Alexa dans ce scénario ?

Alexa, un outil publicitaire ?

En façade, Amazon préfère présenter son assistant vocal comme un support de relation client. En coulisse, on lui prête davantage d’ambitions.

En début d’année, il avait été question de discussions avec de grandes entreprises autour d’une mise en avant dans les résultats délivrés par Alexa.

Parmi ces entreprises figuraient Procter & Gamble. La multinationale américaine a dans son portefeuille la marque Tide, dont les produits d’entretien ont justement été, ce 20 septembre, l’objet d’une démonstration axée sur les « skills ».

Lorsqu’il n’a pas la réponse à une requête, l’assistant vocal s’appuie sur ces capacités tierces… qui ouvrent la voie à du placement de produits, comme l’a illustré ladite démo.

Qu’en est-il du discours officiel ? Depuis avril 2017, Amazon interdit les « skills » contenant de la publicité pour des biens ou services tiers (une exception existe pour la musique en streaming, la radio et les flashs info). Cette mesure a affecté des start-up comme VoiceLabs, qui proposait précisément aux développeurs de monétiser leurs « skills » en y intégrant de la pub.

En pratique, le potentiel publicitaire que porte Alexa grandit à mesure que la technologie gagne, des horloges aux micro-ondes, du terrain dans l’univers des objets connectés. Il est même, au dire d’analystes, d’autant plus important que les interfaces vocales favorisent, par rapport à une page de résultats sur un moteur de recherche, le choix du premier produit présenté.

Bras armés

On perçoit déjà une montée en puissance des solutions publicitaires chez Amazon. Au 2e trimestre 2018, le segment dans lequel elles sont incluses a enregistré une croissance annuelle à trois chiffres et dépassé pour la première fois les 2 milliards de dollars de chiffre d’affaires.

Dans ce contexte, eMarketer revoit régulièrement ses estimations à la hausse. Au dernier pointage, Amazon dégagerait, cette année, 4,61 milliards de dollars de revenus. Aux États-Unis, place forte mondiale de la pub digitale, le groupe de Jeff Bezos capterait 4,15 % du marché. Il dépasserait Microsoft (4,05 %) pour se hisser au 3e rang derrière Google (37,14 %) et Facebook (20,57 %).

Morgan Stanley vient également de réviser ses estimations. Il y a un an, la banque d’affaires valorisait à 55 milliards de dollars l’activité publicitaire d’Amazon, contre 270 milliards pour l’activité cloud. Elle les valorise désormais respectivement à 131 milliards (+ 138 %) et 379 milliards (+ 40 %).

La pub vidéo constitue un autre poste à surveiller chez Amazon. Au-delà de l’offre Prime Video Direct positionnée face à YouTube, il y a Twitch*.

La plate-forme, acquise pour près d’un milliard de dollars, était à l’origine dédiée à la communauté du jeu vidéo. Pour élargir l’audience, le catalogue a été ouvert à des contenus de sport, de cuisine ou encore à des rediffusions d’émissions TV.

Des accords d’exclusivité seraient visés avec des médias et des personnalités, au prix de lourds engagements, dont des participations et un « revenu minimal ».

Un programme de mise en relation de vidéastes et d’annonceurs pour la production de contenu sponsorisé serait par ailleurs dans les cartons. Contact aurait été pris, en parallèle, avec des fournisseurs de technologies de détection des contenus indésirables. En toile de fond, les boycotts que Facebook et YouTube ont subi de la part d’annonceurs inquiets de voir leurs marques associées à des vidéos douteuses.

* Amazon annonce 15 millions d’utilisateurs actifs par jour sur Twitch. Ils sont près de 2 milliards sur YouTube, selon Google.

Crédit photo : Amazon

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