Android épinglé par Bruxelles : ce qu’il y a au-delà des 4,3 milliards d’euros d’amende

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Ébranlé ou simplement égratigné ? L’avenir du modèle Android pose question après la sanction infligée à Google par la Commission européenne.

Paiera-t-on bientôt plus cher nos smartphones Android ?

Sundar Pichai, patron de Google, le laisse entendre en réaction à l’amende infligée par la Commission européenne.

Cette dernière estime que le groupe américain a eu, depuis 2011, recours à des pratiques illégales sur le marché des terminaux mobiles pour asseoir la position dominante de son moteur de recherche.

Elle a cerné trois types de « restrictions contractuelles ». En premier lieu, l’obligation, pour les constructeurs qui veulent intégrer le Play Store sur leurs appareils, de précharger non seulement Google Search (depuis 2011), mais aussi le navigateur Chrome (depuis 2012).

Bruxelles pointe également du doigt les « incitations financières » faites aux fabricants comme aux opérateurs pour qu’ils installent exclusivement le moteur Google. La pratique a concerné jusqu’à 80 % des terminaux Android vendus en Europe. Elle a cessé en 2014, peu après que la Commission européenne eut commencé à s’y intéresser.

Le troisième élément dénoncé est, selon la Commission, constitutif d’une entrave à la concurrence : les constructeurs qui souhaitent proposer les services Google doivent s’engager à ne pas utiliser une version alternative (« fork ») d’Android. L’exemple le plus emblématique est celui de Fire OS, qu’Amazon a fini par circonscrire à sa gamme Kindle après avoir, pendant un temps, tenté de l’ouvrir à d’autres acteurs sous forme de licence.

L’aspect licence a eu son importance dans le raisonnement de Bruxelles. C’est essentiellement sur ce fondement qu’il a été considéré qu’iOS, le système d’exploitation d’Apple, n’est pas en concurrence directe avec Android (en plus du fait que le basculement de l’un à l’autre n’est pas évident dans la pratique).

« Juste et objectif »

Sur le papier, Google a 90 jours pour régler son dû. La somme devra être provisionnée, mais restera bloquée jusqu’à la fin de la procédure d’appel ; c’est-à-dire potentiellement pendant des années.

À plus court terme se pose la question du modèle Android. La Commission européenne réclame du changement, mais ses demandes sont sujettes à interprétation. Illustration sur la question des forks : de la marge est laissée à Google pour maintenir « des restrictions justes et objectives » quant aux terminaux auxquels il ouvre ses services.

Autre point d’interrogation sur le volet forks : les problèmes de compatibilité applicative qui pourraient se poser si de multiples variantes d’Android venaient à émerger. Des enjeux de sécurité se posent en parallèle.

Certains analystes affirment que la sanction intervient trop tard, à tel point qu’elle risque de pénaliser les utilisateurs plus que Google. Par effet de rebond, il n’est pas sûr que les constructeurs saisiront la perche que Bruxelles entend leur tendre.

Le dossier n’est pas sans rappeler celui clos l’an dernier en Russie. Google a pris, sur place, des engagements auprès de l’autorité chargée des affaires antitrust. Entre autres, arrêter d’imposer le préchargement exclusif de ses services, ne plus empêcher la préinstallation de moteurs de recherche alternatifs et en proposer le choix au premier démarrage de Chrome*.

* Microsoft avait eu droit à un traitement similaire de la part de la Commission européenne, qui lui avait imposé de développé une version de Windows XP sans le lecteur Windows Media – et plus tard, de proposer un écran de choix du navigateur.

Crédit photo : Google

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