Crowdfunding : les bonnes pratiques vues par trois entrepreneurs

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Comment réussir une campagne de financement sur Kickstarter ? Retours d’expériences de 3 entrepreneurs français : Dimitri Singer (3D Sound Labs), Luc Pierart (PKparis) et Christophe Guionet (Novathings).

Près de 5 ans après le lancement de sa plateforme de crowdfunding (financement participatif), Kickstarter a contribué au financement de plus de 96 000 projets, grâce à 3 millions de « backers », ayant avancé plus de 2 milliards de dollars.

En France, Kickstarter s’est réellement implantée au printemps dernier.

Quelles sont les bonnes pratiques à suivre pour réussir une levée de fonds sur cette plateforme ? Nous avons demandé à 3 entrepreneurs français un premier retour d’expérience.

Le financement participatif  : une bonne surprise ?

« Oui. Et la plus évidente, c’est de voir un grand nombre de personnes soutenir votre projet et de recueillir bien plus de fonds que nécessaire. C’est un formidable tremplin pour assoir sa notoriété. Mais cela se prépare en amont, avec notamment un solide budget communication« , explique Dimitri Singer, cofondateur de 3D Sound Labs, concepteur de Neoh, un casque audio avec un son à 360°.

« Au-delà des fonds levés, ce type de campagne permet de rentrer en contact avec une multitude de partenaires potentiels (technique, distribution, presse, etc…) mais surtout de bénéficier des retours d’un immense panel de  consommateurs issus du monde entier« , ajoute Luc Pierart, CEO de Pkparis.com, créateur d’objets connectés.

« La réussite de notre campagne a apporté la preuve ‘marché’ que nous attendions. Elle a également attiré la curiosité de la presse technologique américaine, que nous aurions eu du mal à joindre autrement » complète Christophe Guionet, fondateur de Novathings, créateur d’une solution de cloud perso.

Quelles sont les erreurs à éviter sur ce genre de plateforme ?

« La réussite de la campagne se prépare en réalité plusieurs mois avant son lancement. Il faut fédérer une communauté de plusieurs milliers d’internautes prêt à vous soutenir le jour J et ne pas hésiter à investir en publicité pour promouvoir sa campagne. C’est le seul moyen de sortir du lot et de créer un effet boule de neige pour que la campagne se poursuivre même quand elle n’est plus en première page de Kickstarter« , explique Dimitri Singer, cofondateur de 3D Sound Labs

« Ce n’est pas un sujet à prendre à la légère et il peut s’avérer très chronophage. La campagne doit mettre en avant un prototype propre, accompagnés de beaux designs et de vidéos probantes et étonnantes. Il ne faut pas non plus hésiter à adopter les codes californiens pour attirer la sympathie des internautes nord-américains qui sont bien évidemment les plus nombreux sur la plate-forme« , indique Luc Pierart, CEO de Pkparis.com

« Quand nous avons quitté la page d’accueil de Kickstarter, nous nous sommes retrouvés au milieu de centaines d’autres projets technologiques et l’attention pour Helixee a brutalement chuté. Heureusement, nous avons pu remonter la pente avec un gros travail de référencement et en mobilisant plusieurs backers clubs, qui réunissent des investisseurs de Kickstarter »  explique Christophe Guionet, fondateur de Novathings

Avec Kickstarter ou IndieGogo, peut-on se passer d’un banquier ou d’un investisseur ?

« Le crowdfunding permet de valider très tôt le potentiel d’un produit, le ‘product/market fit’ cher aux investisseurs et capital-risqueurs. Une bonne campagne de crowdfunding réduit donc le risque lié au financement du projet et peut donc accélérer une levée de fonds avec des investisseurs qui viennent frapper à votre porte. Mais attention, une campagne réussie attire l’attention de concurrents et pour accélérer une mise sur le marché, cela peut entraîner de nouveaux besoins financiers. Et à l’inverse, une campagne ratée peut condamner toute levée de fonds » estime Dimitri Singer, cofondateur de 3D Sound Labs

« Tous ces leviers sont complémentaires. Les aides à la création d’entreprise de Pôle Emploi, la love money et quelques aides de Bpifrance vont vous permettre de réaliser un ‘Proof Of Concept’ qui servira à faire le tour des business angels, VC et autres fonds d’amorçage ou à lancer une campagne de financement participatif afin de générer un peu de chiffre d’affaires et d’éviter de tomber dans la « vallée de la mort » où disparaissent beaucoup de start-up« , indique Luc Pierart, CEO de Pkparis.com

« Dans notre cas, la campagne nous a permis de lever quelques dizaines de milliers d’euros alors que notre besoin se chiffre en millions d’euros. Nous discutons donc avec des VC ou Bpifrance. Mais cette première opération réussie nous a clairement ouvert des portes d’investisseurs, ainsi que celles de partenaires industriels« ,  précise Christophe Guionet, fondateur de Novathings.