L’Europe, une vraie puissance de l’Internet des objets ?
En plein CES de Las Vegas, AT Kearney vient de livrer une version rafraîchie de son étude sectorielle sur la high-tech en Europe avec un focus IoT.
L’Internet des objets donnera-t-il un nouveau souffle au secteur high-tech en Europe ? AT Kearney a publié un focus dans ce sens qui montre tout le potentiel…s’il est bien exploité.
En pleine effervescence du CES organisé à Las Vegas, le cabinet de consulting d’origine américaine vient de présenter à Paris la troisième version de son étude sur les nouvelles technologies en Europe sous l’angle de l’IoT
C’est une véritable opportunité de croissance sur les 10 prochaines années, estime Hervé Collignon, Partner d’AT Kearney, expert en TMT (télécoms, médias et technologies) et co-auteur du rapport.
Ce potentiel économique est estimé à près de mille milliards d’euros d’ici 2025. Il pourrait correspondre à 7 points de PIB à cet horizon.
Et les start-up comme Sigfox, Netatmo ou Withings et les groupes industriels français ont une carte à jouer. Ils ont pris position sur le marché des objets connectés dans le BtoC et le BtoB (historiquement via le M2M).
Dressons d’abord le tableau des perspectives présumées gigantesques de cet Internet des objets, qui va permettre « l’interconnexion du monde physique en facteur 10 par rapport à l’Internet phase 1 ».
Entre les technologies exponentielles (capteurs, bande passante, hardware, stockage & cloud), la population connectée (3 milliards de personnes en 2015), les effets réseaux (peering, IPv6, plateformes, interopérabilité…) et l’essor du big data, tous les ingrédients sont réunis pour assister à une « nouvelle révolution » qui va toucher tous les secteurs d’activité, estime Hervé Collignon.
A l’horizon 2025, le marché des solutions IoT en Europe (hors fabrication des objects connectés) est évalué à 80 milliards d’euros. Les intégrateurs de systèmes (IBM, Accenture, Atos…) remporteraient la plus grosse part du gâteau : plus d’un quart du business généré (22 milliards d’euros), devant les fournisseurs de services et de plateformes (le club GAFA et les opérateurs télécoms) qui pourraient en tirer un business de 18 milliards d’euros….
On retrouverait les opérateurs dans une autre catégorie : les spécialistes de la connectivité pour l’IoT. Un segment qui pourrait peser 15 milliards d’euros à l’horizon 2025 et qui comporte des pure players comme Sigfox.
Toujours selon le cabinet en stratégie qui a présenté mardi midi les résultats de son étude à Paris, on devrait recenser dans dix ans une base installée de 26 milliards d’objets connectés (correspondant à un marché de 10 milliards d’euros pour les fournisseurs de composants et modules comme Sierra Networks, Telit ou Gemalto).
L’essor de la dimension Internet des objets devraient avoir un impact sur 5 secteurs principalement : le transport et l’hôtellerie (250 milliards d’euros), la santé (235 milliards d’euros), la domotique domestique (160 milliards d’euros), le matériel industriel (pour un montant similaire), et la distribution, commerce (hors commerce électronique) et vente en gros (60 milliards d’euros).
Divers paramètres pourraient modifier cette perspective apportée par AT Kearney : le niveau d’adoption des objets connectés par les consommateurs, la politique industrielle associée à l’IoT en Europe (balbutiante en l’état actuel malgré une certaine prise de conscience par la Commission européenne), la guerre d’influence des plateformes (Google, Apple, Samsung…), la rationalisation des standards IoT sur fond de consortiums puissants (Open Interconnect, Allseen Alliance, Industrial Internet Consortium…), l’avancée de la 5G en Europe, l’impact de l’IoT sur l’emploi et la juste appréciation du traitement des données.
Etude « The Internet of Things : a new path to European Prosperity », ATKearney, janvier 2016, co-auteurs : Thomas Kratzert et Michael Broquist (respectivement Partner et Principal à Stockholm), Hervé Collignon et Julien Vincent (respectivement Partner et Principal à Paris)
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