IA, cybersécurité, supercalculateurs… Ce que Bruxelles veut pour le numérique

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Bruxelles propose, dans le cadre du budget 2021-2027 de l’UE, un programme de 9,2 milliards d’euros dédié au numérique. Quels en sont les grands axes ?

Quelle place pour le numérique dans le prochain budget à long terme de l’UE sur la période 2021-2027 ?

La Commission européenne propose de créer un programme dédié doté de 9,194 milliards d’euros.

Les investissements seront notamment dirigés vers les projets nécessitant l’agrégation de ressources à l’échelle communautaire et sur ceux qui soulèvent des enjeux d’interopérabilité. Ainsi que sur ceux qu’aucun État membre ne pourrait financer seul dans un délai raisonnable.

Dans la lignée du sommet numérique organisé en septembre dernier à Tallinn (Estonie), cinq axes ont été retenus : les supercalculateurs, l’intelligence artificielle, la cybersécurité, le développement des compétences et la diffusion du numérique dans l’économie comme dans la société.

Pour ce qui est des superordinateurs, la Commission européenne recommande d’allouer 2,7 milliards d’euros.

Elle constate, dans son étude d’impact (document PDF, 76 pages) que si l’UE consomme 33 % des ressources mondiales sur ce marché, elle en fournit à peine 5 %. Il en résulte une « dépendance vis-à-vis de pays tiers pour l’analyse de données stratégiques ».

europe-computingLe dispositif Horizon 2020, qui fait partie de la demi-douzaine de programmes contribuant à financer le numérique dans le cadre du budget 2014-2020, inclut un volet calcul haute performance. Mais le nombre de canaux de financement complique sa mise en œuvre, estime Bruxelles.

Conformément à la stratégie définie l’an passé, un objectif est fixé pour 2023 : avoir déployé au moins deux supercalculateurs dotés de capacités de calcul exaflopique (1018 calculs par seconde). Le post-exaflopique est visé pour 2027, avec une dose d’informatique quantique.

Ressources et compétences

Le budget proposé est similaire pour l’intelligence artificielle : 2,5 milliards d’euros.

Il est à la hauteur du constat de la Commission européenne : l’émergence d’écosystèmes compétitifs est contrarié par le manque de données et de compétences. Quant aux partenariats public-privé enclenchés dans le big data comme la robotique, ils sont centrés davantage sur la recherche-innovation que sur le développement d’initiatives transfrontalières.

Dans ce contexte, Bruxelles se donne pour objectif d’offrir un meilleur accès aux installations d’essai et d’expérimentation. Et de développer, dans ce cadre, des « espaces communs de données » additionnés de « bibliothèques communes d’algorithmes ».

En matière de cybersécurité, le mot qui ressort de l’étude d’impact est la « fragmentation », des ressources comme des compétences. Si bien qu’aucun acteur majeur n’a émergé sur la scène internationale.

La Commission européenne propose d’allouer 2 milliards d’euros, tout particulièrement pour renforcer l’accessibilité des technologies existantes. Elle donne l’exemple de l’informatique quantique : les niveaux d’investissement sont similaires à ceux consentis aux États-Unis… qui sont, avec la Chine, les premiers à déployer lesdites technologies, par le biais de programmes gouvernementaux.

Les pôles d’innovation numérique seront clés dans cette démarche de diffusion. Les programmes de formation devront, en parallèle, être alignés sur les besoins sectoriels.

Sur ce dernier point, la Commission européenne a une vision plus large, guidée par une pénurie de talents constatée dans presque tous les États membres. En première ligne, les postes « hautement qualifiés » dans des domaines comme l’IA et les bases de données.

Le secteur public en locomotive

Le plan de financement actuel n’a pas de budget dédié au développement des compétences numériques. Peu d’initiatives ont été prises, sinon dans le cadre du programme Erasmus+.

Bruxelles propose une enveloppe de 700 millions d’euros pour former « au moins 500 000 personnes » à court et à long terme, indépendamment de leur État membre de résidence. Les pôles d’innovation numérique auront un rôle déterminant à jouer, en premier lieu auprès des administrations publiques.

Les disparités sont grandes chez ces dernières. Et les problèmes d’interopérabilité y retardent la transformation numérique.

L’écart est tout aussi notable dans le privé : 20 % des PME sont considérées comme « hautement digitalisées », contre 58 % des grands groupes.

Pour améliorer la diffusion du numérique dans l’économie et la société, un budget de 1,3 milliard d’euros est prévu.

L’accent est mis sur le secteur de la santé, avec une référence au partage des bases de données génomiques à l’échelle de l’Union. Cet engagement est inscrit dans un accord dont la France est signataire aux côtés de 12 autres États membres.

L’exécutif communautaire vise 1 million de génomes séquencés en 2022. Il évoque aussi la transformation numérique du secteur judiciaire, pour faciliter, entre autres, « la résolution de litiges hors des tribunaux ».

Les investissements seront significatifs : quelque 2 milliards d’euros ont été nécessaires rien que pour digitaliser le système de santé finlandais.

Photo d’illustration : © European Communities , 2007 / Source : EC – Audiovisual Service / Alfred Yaghobzadeh

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